La chasse à la présidence de l’Eurogroupe est ouverte
Il fut le premier, et jusqu’à présent le seul, président permanent de l’Eurogroupe. Jean-Claude Juncker, pour qui la fin du mois de juin sonnera aussi la fin de ce mandat européen, ne souhaite pas reconduire sa mission afin de se consacrer pleinement au Luxembourg. Certains noms de successeurs se sont déjà fait connaître, la chasse est ouverte.
Créé en 1997 par le Conseil européen, l’Eurogroupe est un forum qui réunit les ministres des Finances de tous les Etats membres de la zone euro. Sans réel nom lors de ses premières années d’existence, il en était de même quant à la tête dirigeante de cette organisation informelle. Il fallut attendre le 10 septembre 2004 pour qu’un homme soit élu.
C’est ainsi que Jean-Claude Juncker, alors Premier ministre et ministre des Finances du Grand-Duché de Luxembourg, devint le premier président permanent de l’Eurogroupe.
Il prit ses nouvelles fonctions en janvier 2005. Reconduit en 2006, Jean-Claude Juncker prolongea cette mission européenne pour un nouveau mandat de deux années supplémentaires en 2008, avant de se faire élire pour deux ans de plus en 2010.
C’est donc après quatre mandats que Jean-Claude Juncker a décidé de mettre un terme à six années d’histoire commune avec l’Eurogroupe en refusant de postuler à sa propre succession. La raison en est simple: face à l’importance que tend à prendre l’Eurogroupe, notamment à cause des différentes crises financières, il lui est désormais difficile de pouvoir concilier son rôle européen avec son rôle luxembourgeois. En juin prochain, il abandonnera donc la voix européenne pour se consacrer pleinement à son travail de Premier ministre du Grand-Duché de Luxembourg.
Et les candidats à l’élection de Monsieur Eurogroupe sont…
Quelle sera donc la prochaine figure de proue des Etats membres de la zone euro?
Les noms se bousculent tandis que certains états espèrent bien pouvoir placer une des têtes de leur gouvernement à la présidence de l’Eurogroupe.
On parle, par exemple, de Wolfgang Schäuble, ministre des Finances allemand, dont la nomination serait grandement espérée par Angela Merkel. Une nomination à laquelle Paris ne s’opposerait sûrement pas, obtenant, en échange, la direction du futur Mécanisme européen de solidarité.
Le nom d’Olli Rehn, commissaire aux Affaires économiques à la Commission européenne est également écrit et prononcé. Sans grandes convictions toutefois.
Les candidats les plus probables sont donc autre part, et notamment en Italie.
Mario Monti, on le sait, était l’un des favoris de Jean-Claude Juncker qui a déclaré ce mois-ci à Bologne, au moment de recevoir le prix universitaire Sigillum Magnum, que le nouveau président du Conseil italien serait «un excellent président pour l’Eurogroupe». Cependant, l’idée fait légèrement grincer des dents le reste de la zone euro. Loin de douter de l’efficacité de Mario Monti, le problème est ailleurs. Lui remettre les clefs de l’Eurogroupe reviendrait à livrer deux postes économiques européens importants à l’Italie (ndlr: Mario Draghi est déjà à la tête de la BCE). De toute façon, les conversations sont vite étouffées par la voix de Mario Monti lui-même qui refuse de jouer le rôle de président de l’Eurogroupe.
Autre pays, autre favori: Jyrki Katainen
Ce Finlandais semble en effet bien parti dans la course. Comme Jean-Claude Juncker, il cumule les postes de ministre des Finances et Premier ministre de la Finlande et son état est toujours doté du fameux “Triple A“. Une expérience et un contexte favorables qui dressent un portrait qui fait de lui le candidat idéal.
Car, en ces temps de récessions et de rigueur, il semble évident que la mention “AAA“ jouera un rôle déterminant dans l’élection du prochain président de l’Eurogroupe. De la même manière qu’il semble évident que le vainqueur de cette partie de campagne se devra d’avoir les épaules larges et solides pour son nouveau rôle. FC