«Nous sommes encore au début du processus»
Le recours à l’énergie électrique tout comme l'utilisation de combustible gazeux pour la propulsion des véhicules n’a rien de nouveau mais n’ont jusqu’à présent guère rencontré de succès. Ces deux formes de mobilité alternative pourraient cependant grâce à leur promotion et le renchérissement du prix du pétrole rapidement séduire les foules, comme nous l’expliquent Daniel Peters, product manager en électromobilité chez Enovos, et Véronique Soisson, service marketing.
Enovos promeut l’électromobilité au Grand-Duché, notamment avec la plateforme elektromobiliteit.lu. Où se situe-t-on dans le domaine à l’heure actuelle?
Daniel Peters: Nous sommes encore au début du processus. Nous avons l’an passé initié les travaux en matière d’infrastructures de recharge et sommes en train de développer la densité du réseau de même que tout ce qui a trait à la gestion et à la logistique qui se cache derrière. Ce sont ainsi déjà 30 points de charge que nous avons installés l’an passé, ce qui correspond aux objectifs que nous nous étions fixés. D’ici fin 2012, nous espérons atteindre les 200 points de charge.
Quel est le public qui s’oriente vers ce type de mobilité alternative?
Daniel Peters: Ce sont avant tout les grandes entreprises, les communes et les établissements publics. Il y a deux raisons à cela : elles souhaitent endosser le rôle de modèle et elles sont en mesure d’acquérir des véhicules, il faut le dire, encore onéreux à l’heure actuelle, même si les prix ont déjà rapidement chuté en l’espace d’un an seulement. Il y a peu de temps encore vendue 30.000 euros, il faut aujourd’hui compter 20.000 euros pour l’acquisition d’une citadine électrique.
Quelles sont les prévisions pour 2012?
Daniel Peters : Même s’il est difficile de réaliser au départ des statistiques, nous avions misé en 2011 sur l’immatriculation de 50 véhicules neufs, objectif qui fut atteint. Nous espérons cette année atteindre le chiffre de 300, un pari ambitieux mais tout à fait réaliste avec la venue sur le marché de nouveaux constructeurs automobile tels que Nissan, Opel ou Renault. Ce dernier a un rôle important à jouer puisqu’il est le premier à proposer une véritable alternative aux fourgonnettes à moteur thermique.
Des véhicules qui devraient arriver sur nos routes cette année, d’après vos prévisions, s’agira-t-il plutôt de véhicules particuliers ou d’utilitaires?
Daniel Peters: Etant donné que nous ciblons avant tout les communes et les établissements publics, je pense que ce seront plutôt des véhicules utilitaires qui sillonneront nos routes.
Quant aux particuliers, s’ils affichent encore certaines réticences, nous avons noté que les mentalités sont en train de changer, comme le prouve le succès grandissant de la mobicard Enovos qui permet à tout un chacun de charger son véhicule dans nos stations. Cela est dû à mon sens essentiellement à la baisse des prix des voitures électriques mais également à l’augmentation du nombre de points de charge.
Un système d’auto-partage avec des véhicules électriques à l’instar de ce qui se fait dans les grandes agglomérations chez nos voisins européens ou même dans de plus petites villes comme Metz depuis le mois dernier est-il envisageable au Grand-Duché?
Daniel Peters : Absolument. Nous avons d’ailleurs nous-mêmes dans nos cartons des projets qui consistent à concevoir des installations de recharge électrique sur lesquelles se grefferait un service de voitures en libre service dans les grandes agglomérations du pays, et ce, en collaboration étroite avec des constructeurs automobile. Car il s’agit dès lors d’assurer un service de mobilité complet.
Quelle alternative doit-on privilégier?
Véronique Soisson : Il ne s’agit pas de privilégier l’une ou l’autre. Chacune d’elle répond à des besoins différents. Pour les petits déplacements, l’énergie électrique constitue une solution intéressante tandis que pour les longs déplacements, le GNV apparaît à l’heure actuelle comme la meilleure alternative. Quoi qu’il en soit, il y a une complémentarité entre les voitures électriques et les voitures roulant au gaz naturel. Je pense là à la flotte de véhicules communaux, notamment.
L’électromobilité est sur toutes les lèvres ces dernières années tandis que le GNV est très peu connu. Pourquoi cela?
Véronique Soisson: Avec la voiture électrique, on change littéralement de paradigme. Avec le GNV, on reste dans le moteur thermique, et au Luxembourg, les véhicules roulant avec ce carburant n’ont pour l’instant pas encore réussi à percer même s’ils sont plus écologiques et que le gaz naturel n’est pas frappé par la taxe sur l’accise. Jusqu’à aujourd’hui, elle est ainsi restée la voiture des «écolos».
L’autre problème résidait dans les points de fourniture, mais nous comptons en rajouter dans les années à venir.
Le dernier obstacle, la rareté des modèles exposés chez les concessionnaires véhicules équipés de tels moteurs explique son manque de notoriété. Mais là aussi, la situation devrait rapidement évoluer, les constructeurs étant de plus en plus nombreux à se lancer sur ce créneau. Rien d’étonnant lorsque l’on voit le prix du litre d’essence, avoisinant les 1,5 euro. Sachez qu’un kg de gaz correspond à 1,5 litre d’essence et à 1,3 litre de diesel et qu’il est nettement moins cher. Il ne faut pas non plus sous-estimer la prise de conscience environnementale de la population après l’accident nucléaire de Fukushima et l’augmentation constante des prix des carburants.
Qu’en est-il au niveau des subsides du gouvernement tant pour les véhicules électriques que ceux roulant au GNV?
Daniel Peters : De 3000 euros en 2011, ils passent à 5.000 euros cette année pour l’acquisition d’un véhicule électrique, ce qui représente une somme considérable. On peut voir par là une véritable volonté de la part du gouvernement d’aller dans cette direction. La condition, cependant, est d’alimenter le véhicule en électricité verte, un produit que nous proposons chez Enovos, baptisé «mobistroum». Enovos ajoute, quant à elle, une prime de 500 euros à l’acquéreur.
Véronique Soisson: En ce qui concerne les véhicules roulant au GNV, on ne peut pas dire qu’il y ait de subsides qui leur soient directement destinés, car on reste dans l’énergie thermique, et les subsides dans ce domaine dépendent des émissions produites par les véhicules en question. Mais comme je vous le disais, de tels véhicules consomment moins que les véhicules roulant à l’essence ou même au diesel et donc plus enclins à répondre aux critères de la prime CAR-e.
Et pour promouvoir le gaz naturel, Enovos offre une prime de 250 euros pour l’achat d’un véhicule CNG à laquelle s’ajoute un bon d’achat d’ARAL Luxembourg d’une valeur de 250 euros pour l’achat de gaz naturel, montants qui sont doublés pendant la durée de l’autofestival 2012.