Le cadastre solaire, une première au Luxembourg

Le concept de cadastre solaire est la mise en place d’une cartographie qui permet d’analyser rapidement les possibilités technico-économiques de production d’électricité à base de photovoltaïque ainsi que de chaleur à base de solaire thermique. Un outil simple et efficace qui permet aux communes de communiquer auprès de leurs citoyens sur la mise en place intelligente d’énergies renouvelables.
Julien Bertucci, gérant technique de cette PME, nous explique de quoi il s’agit.
 

Cocert a innové en développant une méthodologie différente des cadastres solaires existants (notamment en Allemagne et en Suisse) qui utilisent des outils onéreux basés sur des détections par laser à partir d’un avion. Cocert a développé une technologie didactique qui ne coûte que quelques euros par citoyen. Une technologie qui a valu à la jeune PME le deuxième prix en matière de meilleure pratique d’innovation par les Technologies de l’information et de la communication dans la construction.

Un cadastre solaire est la mise en place d’une cartographie en vue aérienne d’un quartier ou d’une ville entière, sur laquelle on visualise en un coup d’œil les pans de toitures les mieux adaptés à l’installation de panneaux solaires thermiques ou photovoltaïques. Le principe est le même que pour le passeport énergétique: une étiquette qui indique si l’emplacement est adapté ou non à cet usage, par le biais d’un dégradé de couleur, du vert au rouge. En plus de cette indication, plusieurs informations sont disponibles pour chaque bâtiment: la surface de la toiture, une évaluation de la production d’énergie, du prix de revente et des économies de CO2 réalisables, une estimation de l’investissement de départ pour pouvoir calculer le temps de retour sur investissement.

Cette image est générée grâce à un système de modélisation en trois dimensions qui intègre plusieurs facteurs déterminants et ce, sur les 8760 heures d’une année: l’inclinaison du toit, son orientation (plein sud étant l’idéal), l’ombrage en prenant en considération le masque proche (les bâtiments voisins, les arbres, les cheminées et autres) et le masque lointain (par exemple, dans le Grund, l’ombre créée par l’ensemble de la ville haute qui le surplombe).
L’ombrage est un élément dont on néglige souvent l’impact sur la production d’énergie donc sur le rendement économique, à tort… «Prenons l’exemple d’une cheminée au milieu d’une installation de panneaux photovoltaïques. Le rendement de production peut être divisé par 2,6! Ce qui se traduit, en termes d’impact financier, à un manque à gagner important», souligne Julien Bertucci, qui poursuit en expliquant que, suivant une loi des séries, une rangée de cellules totalement ombragée pourrait réduire la puissance de l’ensemble du module à zéro. Autrement dit, avec une surface moins importante mais idéalement située de panneaux photovoltaïques, la production de l’ensemble du module serait plus intéressante qu’une surface plus grande dont une partie est ombragée, mal orientée ou mal inclinée. Le cadastre solaire étant le plus souvent réalisé en collaboration avec les communes, il est possible d’anticiper l’impact des futurs bâtiments sur la performance de l’installation solaire suivant le Plan d’Aménagement Général (PAG). Les communes peuvent aussi grâce à cet outil atteindre des objectifs du Pacte climat du ministère du Développement durable et des Infrastructures.

L’objectif est d’aiguiller les citoyens pour qu’ils installent la bonne énergie au bon endroit. En effet, un mauvais positionnement a non seulement des conséquences financières puisque l’installation n’est pas rentabilisée, mais également des conséquences environnementales: «Durant tout son cycle de vie, de sa production jusqu’à sa destruction, un panneau photovoltaïque peut dépenser plus d’énergie qu’il n’en a produit s’il n’est pas placé de manière judicieuse», indique Julien Bertucci. Le risque est que les gens, déçus de ne pas obtenir les rendements escomptés, soient déçus des énergies renouvelables et s’en détournent.  Et, à l’heure où le ministère du Développement durable et des Infrastructures lance le Pacte climat, il est plus que jamais primordial pour les communes de jouer leur rôle de locomotive en la matière. Le cadastre solaire est un outil simple et bon marché pour leur permettre de parvenir à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Cocert planche actuellement sur le développement de ce type de cadastre, qui peut être appliqué aux autres énergies renouvelables et à l’élaboration d’un book recensant les mauvaises pratiques en termes d’installations solaires au Luxembourg.
 

Lire sur le même sujet: