Réussir son projet de start-up innovante

Les questions du financement et de la recherche de partenaires sont deux éléments clé qui peuvent constituer de véritables obstacles au démarrage d’une entreprise. Afin que les start-up puissent faire face à ces éventuelles difficultés, les instances européennes et l’Etat luxembourgeois se sont dotés d’une gamme d’outils diversifiée. Luxinnovation accompagne et conseille les start-up innovantes dans toutes les étapes de leur projet. Interview de Marc Ferring, Responsable Financements nationaux et soutien aux start-up chez Luxinnovation.
 

Combien de start-up innovantes voient le jour chaque année au Grand-Duché, et combien de dossiers traitez-vous ?


A vrai dire, il n’existe pas, à l’heure actuelle, de statistiques nationales à ce sujet. Il est donc difficile d’avoir une vision globale sur le nombre de start-up innovantes créées à Luxembourg. Cependant, Luxinnovation, de par ses missions de soutien aux start-up, accompagne chaque année environ une centaine de porteurs de projets dont environ une trentaine crée finalement leur structure.

 

La plupart des nouvelles entreprises estiment être innovantes, mais quels sont finalement les critères retenus pour qu’une start-up soit considérée comme innovante ou pas ?

Le principal critère retenu est celui de l’avancement du produit/service par rapport à l’état de l’art existant sur un espace géographique/commercial défini. Cela revient à cerner quelle valeur ajoutée apporte le projet par rapport aux solutions existantes.

 

Quels sont les obstacles habituels que rencontrent ces start-up?

La principale difficulté repose sur la constitution d’une proposition de valeur unique mais adaptée aux besoins de la clientèle ciblée. Les start-up innovantes concentrent souvent leurs efforts sur la mise au point d’une technologie de pointe. L’intégration du besoin du client se fait souvent trop tardivement dans le processus.

Dans la plupart des cas, l’entreprise n’a pas d’offre finalisée au moment de sa création, et le financement relatif à son développement doit se faire alors que l’entreprise ne dégage pas encore de recettes, ce qui augmente le besoin en financement. Or, l’accès au financement, notamment pour la phase de démarrage, reste problématique, surtout en période de crise. Les aides publiques ont un effet de levier mais ne se substituent pas aux apports des fondateurs. Il est donc essentiel de définir un modèle économique et un business-plan pour réduire les risques – même si on ne peut jamais totalement éliminer la composante « risque » qui fait partie d’une démarche entrepreneuriale.

Enfin, l’équipe constitue un facteur clé de succès. Une start-up innovante doit en effet s’articuler autour de compétences pluridisciplinaires (chercheurs, ingénieurs, spécialistes en marketing, commerce et finance, etc.). Or, souvent, les porteurs de projet que nous rencontrons sont seuls et doivent encore compléter l’équipe. C’est pour cette raison d’ailleurs, qu’un des services offerts par Luxinnovation est la mise en réseau et la recherche de partenaires.

 

Quel est l’éventail des aides financières dont disposent ces start-up ?


L’instrument principal pour les start-up est la loi du 5 juin 2009 du ministère de l’Economie et du Commerce extérieur relative aux aides à la recherche, au développement et à l’innovation. Neuf régimes différents sont prévus et permettent de co-financer aussi bien des activités de recherche à proprement parler que, par exemple, le recours à du conseil externe, des études de faisabilité ou encore la protection de la propriété intellectuelle. Un régime spécifique est prévu pour soutenir le développement des Jeunes Entreprises Innovantes (qui ont moins de 6 ans).

En parallèle de ces aides, d’autres acteurs nationaux peuvent intervenir, que ce soit le ministère des Classes Moyennes, la SNCI (Société Nationale de Crédit et d’Investissement) ou encore l’Office du Ducroire. Enfin, les incitations fiscales entrent aussi en jeu, tant du point de vue de l’article 50bis LIR permettant une exonération partielle des revenus nets de la propriété intellectuelle sous certaines conditions, que du point de vue du crédit d’impôt en cas d’investissements.

Au niveau européen, Luxinnovation agit également en tant que point de contact pour les programmes de recherche européens dont les start-up peuvent bénéficier, notamment le 7e programme-cadre (FP7), Eureka, Eurostars, AAL ou encore les programmes de l’Agence Spatiale Européenne (ESA).

La bureaucratie européenne est réputée comme étant très lourde et par là les aides financières difficiles à obtenir, tandis que les aides financières au Luxembourg sont, elles, à l’inverse, considérées comme généreuses et assez facilement accessibles. De ce fait, les start-up en question sollicitent-elles vraiment les aides européennes, ou se cantonnent-elles aux subsides de l’Etat luxembourgeois ?

Les programmes européens de recherche-développement correspondent à une logique différente des aides nationales mais complémentaire. Il s’agit d’abord de projets collaboratifs menés entre des acteurs originaires de différents pays européens. Ainsi, dans les grandes lignes, le 7ème Programme-Cadre (FP7) se prête particulièrement à des collaborations à caractère plus scientifique/fondamental, là où les compétences requises doivent être recherchées en dehors du territoire national, au regard des enjeux du projet. D’autres programmes offrent de réelles perspectives pour le déploiement commercial à l’échelle européenne de solutions innovantes.

Il existe enfin des programmes « passerelles » qui combinent les avantages de la dimension européenne et du fonctionnement national. Il s’agit de l’initiative Eureka, qui gère également le programme Eurostars particulièrement bien adapté pour des start-up innovantes, ou encore du programme « Ambient Assisted Living » qui vise à renforcer la qualité de vie des personnes âgées grâce aux technologies de l’information et de la communication.

J’aimerais rappeler que, loin de faire peur, les programmes européens peuvent constituer une réelle opportunité pour les start-up innovantes qui se doivent d’être internationales dès leur création. Les conseillers de Luxinnovation sont là pour guider et accompagner les porteurs de projets dans le choix de l’instrument le plus adapté et pour faciliter ainsi largement la soumission des propositions.

 

Hormis les aides financières, quels sont les autres services que vous proposez aux jeunes entrepreneurs innovants ?

Au-delà du suivi des dossiers de demandes d’aides financières, nous offrons un véritable accompagnement personnalisé aux start-up innovantes. Cela se traduit tant par la mise en contact avec les différents acteurs de la création d’entreprises, que par l’aide à la rédaction du business-plan (avec le support possible de l’initiative 1,2,3, GO). Luxinnovation accompagne également les start-up dans leurs démarches d’internationalisation et de transfert de technologies, et favorise les partenariats public / privé via les Clusters qu’elle anime dans les domaines de l’ICT, des écotechnologies, des matériaux, des technologies pour la santé et du spatial.

 

Luxinnovation a participé aux « Journées Création et Développement d’entreprises » qui se sont déroulées du 12 au 25 octobre par l’intermédiaire d’un workshop. Quel est le bilan de ce workshop ? Et quelles conclusions en avez-vous tiré ?

Notre workshop était consacré aux aides publiques pour start-up innovantes. Nous avons eu un très bon retour et sommes satisfaits d’avoir pu rassembler une centaine de personnes intéressées. Outre les explications sur les différents régimes d’aides, ce workshop a mis l’accent sur l’échange d’expérience. Les participants ont pu apprécier le témoignage de deux entrepreneurs (Trendiction et itrust) qui ont bénéficié du soutien de Luxinnovation et des différentes aides tant au niveau national qu’au niveau européen. Il est très important pour nous de faire bénéficier les start-up de l’ensemble des instruments et réseaux existant au Luxembourg. Nous nous efforçons de leur donner des informations « up-to-date », notamment en vue de l’ouverture en 2012 du nouvel incubateur de Belval.

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