L’efficacité énergétique: un potentiel d’économies
Fraîchement installé dans de nouveaux locaux, plus vastes, rue d’Ivoix à Luxembourg, l’energieagence renforce ses investissements et ses services dans les domaines de l’efficacité énergétique et des sources d’énergie renouvelables.
Rencontre avec Pierre Wolff, directeur.
Pour atteindre les objectifs environnementaux fixés par le gouvernement, développer la production d’énergie à base de sources renouvelables est un levier. L’energieagence agit dans ce domaine en étant partenaire du fonds de compensation MyClimateLux, du fonds nova naturstroum et actionnaire de quatre parcs éoliens de Heiderscheid, Bourscheid, Heinerscheid, et Burerbierg près de Mompach. Mais la marge de manoeuvre du Luxembourg en la matière est relativement restreinte, comme le reconnaît Pierre Wolff: «Il existe un certain potentiel en matière de développement des énergies renouvelables, mais nous nous heurtons aux limites spatiales du pays, à la lenteur et à la complexité des démarches et à une certaine réticence de la part des citoyens. Nous constatons, par exemple, que beaucoup de gens sont encore hostiles aux éoliennes, malgré toutes les précautions qui sont prises pour limiter leurs nuisances. Les ombres qu’elles projettent, le bruit qu’elles émettent, leur impact sur les chauve-souris et les oiseaux sont autant de facteurs qui sont pris en considération». Il faudra donc attendre que les mentalités évoluent et que la demande d’énergie verte vienne du consommateur pour que les choses s’accélèrent.
C’est plutôt du côté de l’efficacité énergétique qu’il faut se tourner pour obtenir des résultats palpables. Selon Pierre Wolff, «Le plus grand potentiel réside, au Luxembourg, dans l’amélioration de la performance énergétique, donc dans la réduction des besoins à la base. Ce qui découle d’un raisonnement logique: avant même de penser à produire, limitons notre consommation». La directive européenne sur l’efficacité énergétique des bâtiments qui impose que d’ici 2018, pour les bâtiments publics, et 2020, pour les bâtiments d’habitation, toute nouvelle construction soit passive voire productrice d’énergie, devrait changer positivement la donne. En effet, 30% de l’impact environnemental est imputable à la construction. C’est donc sur ce point que l’energieagence concentre principalement ses efforts.
Elle participe aux salons incontournables comme la Foire d’Automne, l’Oekofoire ou encore la Semaine du Logement où elle présente ses services aux particuliers, auxquels elle offre un conseil de base, puis un accompagnement tout au long des travaux de construction ou de rénovation. L’energieagence ne prend alors pas en charge la gestion du chantier, mais endosse le rôle d’avocat du maître d’œuvre pour que l’exécution se fasse dans les règles de l’art. Ces services sont payants, mais les mesures mises en œuvre sont subventionnées par l’Etat.
L’energieagence organise également des manifestations qui ciblent les professionnels. C’est le cas de la deuxième journée de la maison passive qui aura lieu le 11 novembre dans les locaux et avec la collaboration de la Chambre des Métiers, ainsi qu’avec celle de l’Ordre des Architectes et des Ingénieurs-conseils. Cette conférence gratuite et ouverte à tous abordera, entre autres thématiques, les aspects économiques, la construction en bois massif, le point de vue des maîtres d’ouvrage, l’assainissement d’une maison existante jusqu’à zéro émission…, et sera clôturée par une intervention du ministre du Logement et ministre délégué à l’Environnement, Marco Schank. Cette journée sera illustrée, le lendemain, par une excursion à Darmstadt et Francfort qui est le berceau de la maison passive dont le but est de visiter différents bâtiments passifs. Pour participer à la conférence et / ou à l’excursion, il suffit de s’inscrire sur le site Internet de l’energieagence.
Le principal vecteur par lequel l’energieagence passe pour transmettre son message en faveur de l’efficacité énergétique est la formation professionnelle. Le fait de pouvoir disposer d’une nouvelle salle de formation -la seconde après celle de Remerschen au Parc de l’Energie- et d’un parking d’une quinzaine de places est d’ailleurs la raison qui l’a motivée à emménager dans de nouveaux locaux, plus spacieux.
Parmi les formations dispensées par l’energieagence, celle de planificateur certifié pour maison passive, dispensée par le Passiv Haus Intitut Darmstadt, a connu, avec une soixantaine d’inscrits, un grand succès, «ce qui démontre l’intérêt du sujet au Luxembourg», souligne Pierre Wolff.
Le cursus de conseiller en énergie de bâtiments d’habitation, dernier-né de la gamme qui débutera mi-novembre, rencontre le même engouement puisque la première session est d’ores et déjà complète et qu’une seconde session devrait être programmée en parallèle pour répondre à la demande. Cette formation se concentre fortement sur la rénovation et traite plusieurs points clé comme la rédaction d’un rapport en ligne avec les demandes de l’administration de l’Environnement pour pouvoir bénéficier des aides étatiques, le perfectionnement relatif au calcul du passeport énergétique, les principes de la maison passive et la rénovation en maison passive. Il s’agit d’une formation qualifiante qui s’adresse à tous les professionnels actifs dans le conseil en énergie: ingénieurs, architectes, professionnels du bâtiment, employés communaux et étatiques…
Autre domaine sur lequel l’energieagence a un impact: la gestion énergétique dans les entreprises, secteur dans lequel elle a développé un service au printemps. Là encore, l’energieagence conseille le client en lui proposant toute une série d’améliorations possibles. Il peut s’agir d’aménagements infrastructurels ou d’adaptation du comportement des usagers: «Il est souvent possible de récupérer la chaleur produite lors de certains processus pour la réutiliser ailleurs, d’optimiser l’illumination des locaux, de réduire la consommation d’électricité liée aux appareils électroniques et bureautiques, de renforcer l’isolation du bâtiment ou de produire de l’eau chaude de manière plus durable. Ces mesures permettent de réduire de 10 à 25% la dépense énergétique aussi bien que les coûts de fonctionnement. Plus le processus demande de l’énergie, plus le potentiel d’économies est important. Il est donc d’autant plus pertinent de réaliser une telle étude. De plus, le ministère de l’Economie offre de nombreuses aides pour avancer dans cette direction», explique Pierre Wolff. «Nous avons constaté un intérêt grandissant de la part des entreprises pour ce service car réduire ses frais est également un facteur de compétitivité», ajoute-t-il.
Un facteur de compétitivité pour les communes également? «Le démarrage est un peu plus difficile, mais je pense que le Pacte climat sera un catalyseur pour avancer dans cette direction. Là aussi, le potentiel est grand», conclut-il, «et l’energieagence est prête et motivée pour supporter les communes dans leurs démarches».