Démonstration par l’exemple

Agir concrètement tout en maintenant l’équilibre entre les exigences économiques, écologiques et sociales, appliquer au quotidien les principes qui sont inculqués dans les formations offertes par son organisme: ce qui prime pour Bruno Renders, directeur de l’IFSB, est d’appliquer un management cohérent. En tant que signataire des chartes éco-échange initiées par la commune de Bettembourg, il fait un pas de plus dans ce sens.
Interview.
 

Pourquoi avoir signé ces deux chartes?

La commune de Bettembourg a eu l’intelligence de décider d’accompagner les entreprises en jouant un rôle de facilitateur. Je cautionne cette initiative d’une part parce qu’elle repose sur un objectif de développement durable, voie dans laquelle nous nous sommes déjà clairement engagés en introduisant toute une série de démarches en interne et d’autre part, parce que j’apprécie l’approche qui est préventive et collaborative plutôt que coercitive. Or, le développement durable est avant tout un processus collaboratif. J’ajouterais que la signature de cette charte a une valeur d’exemple. L’exemplarité est une notion que nous poursuivons à l’IFSB, parce qu’elle permet de démontrer que la mise en place concrète d’une politique de développement durable est possible.

 

Le bâtiment de l’IFSB, qui est à la fois une vitrine technologique et un outil pédagogique, est emblématique de cette volonté de montrer l’exemple…

Oui, mais il ne suffit pas de construire une infrastructure qui a une haute efficacité énergétique, encore faut-il en faire une utilisation qui soit en adéquation avec les performances qu’elle est censée fournir. Travailler dans un bâtiment basse énergie, voire passif, présuppose d’avoir des comportements qui sont en phase avec certains principes du développement durable. Au-delà de l’infrastructure, il y a le management quotidien.

Prenons l’exemple du papier. Nous aurions pu opter pour la solution la plus rationnelle sur le plan financier: acheter le papier le moins cher -ce qui n’aurait pas été critiquable en soi-, mais nous avons préféré choisir le papier le mieux adapté à notre démarche. D’abord, nous essayons de limiter notre consommation en fournissant à nos stagiaires les données nécessaires sur clé USB ou en imprimant systématiquement en recto-verso, sauf si cela va à l’encontre de la qualité pédagogique évidemment. Ensuite, tout le papier qui est utilisé ici est recyclé, non blanchi au chlore, et fait l’objet d’une certification environnementale. Nous allons jusqu’à procurer à nos stagiaires des classeurs non pas en plastique mais en carton recyclé et nous avons même trouvé, après de longues recherches, un fournisseur allemand prêt à étudier la mise en œuvre d’un pelliculage bio sur des classeurs, processus inexistant à l’heure actuelle en Europe. Ceci permet de rendre la couverture plus solide et un minimum imperméable. D’autre part, tous les supports de communication, telle que la brochure corporate, sont imprimés sur du papier recyclé et labellisé, l’encre est végétale et les émissions de CO2 y relatives sont compensées.
 

Et, en ce qui concerne l’utilisation de produits régionaux et/ou équitables, comment votre engagement se traduit-il dans la pratique?

Le café qui est mis à la disposition des stagiaires et des employés de l’IFSB est équitable et nous sommes actuellement en discussion avec notre partenaire Sodexo pour servir, dans notre restaurant, un maximum de produits bio ou locaux. Cette migration sera finalisée pour le mois de septembre.
Il est évident que dans nos formations sur la construction, nous ne faisons pratiquement appel qu’à des matériaux luxembourgeois, voire bettembourgeois (ciment, blocs béton…) et, s’ils ne le sont pas, ils sont au moins labellisés -je pense au bois en particulier qui est FSC. Nous faisons de même pour les services: c’est l’entreprise Lamesch, elle aussi basée à Bettembourg, qui s’occupe de la gestion de nos déchets, par exemple.
 

Vous aviez donc déjà mis en place un certain nombre d’actions avant même de vous engager au côté de la commune. La signature de ces deux chartes constitue-t-elle un pas de plus?

Les chartes sont un pas de plus en ce sens qu’elle donne de la visibilité à nos actions. Nous prenons ainsi un positionnement stratégique. Les chartes sont venues renforcer notre engagement dans un processus de management durable de la société dans le cadre de la démarche ISO 26000 et elles nous obligent à maintenir, voire à dépasser, notre niveau d’exigence actuel.
 

Vous disiez que la démarche d’éco-échange initiée par la commune est non contraignante. Vous êtes-vous néanmoins fixé des objectifs?

En ce qui concerne le papier recyclé, nous visons 100%. En ce qui concerne les produits bio ou locaux, nous devrons tenir compte des impératifs liés au coût, mais nous resterons transparents à l’égard des consommateurs. Nous essayons d’être ‘jusqu’au boutistes’. Je donne un exemple: nous avons récemment organisé, à Ettelbruck, une conférence combinée avec la visite de deux bâtiments témoins en bois massif ; l’invitation avait été réalisée sur papier recyclé, le traiteur et le vin étaient bio, les boissons non alcoolisées étaient Transfair, et le bus qui a permis de transporter les participants du lieu de la conférence aux maisons témoins était hybride. Il est donc possible de répondre à certaines exigences, mais nous ne voulons pas tomber dans le ‘terrorisme durable’. Nous avons déjà fait beaucoup en faveur du développement durable, nous pourrions certainement faire encore mieux, mais il faut rester réaliste et avoir un minimum de réflexion sur la gestion rationnelle. Pour qu’un projet soit viable, il faut un business model bien pensé.

 

Quelle sera la prochaine étape en matière de RSE?

Nous finalisons la mise en place de la norme ISO 26000. Nous en sommes à l’élaboration du plan d’action. Nous souhaitons avoir un rapport développement durable labellisé GRI (global report initiative) en 2012, pour les dix ans de l’IFSB.

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