Les private bankers luxembourgeois débattent du futur du secteur

Pour cette deuxième édition, l’événement a réuni plus de 320 professionnels du secteur de la banque, un chiffre supérieur aux attentes de l’organisateur, qui tablait sur 250 professionnels présents. Claude Marx, Deputy CEO de HSBC Private Bank au Luxembourg, a lancé la journée de débats par un panorama saisissant des enjeux du private banking au Luxembourg.

 

Le passé et le présent

Claude Marx a débuté le cycle des conférences avec une analyse particulièrement captivante sur l’évolution du paysage de la banque privée luxembourgeoise. Depuis les années 70, le secteur a été en perpétuel mouvement suite à la création de nouvelles réglementations plus strictes, avec notamment en 2009, la mise en place de l’échange d’informations suite au G20.  Le Luxembourg a connu divers cycles de croissance, de récession puis de stagnation ces dernières années. Avec aujourd’hui 146 banques sur la place dont 56 banques privées, le secteur génère 3,4 milliards de revenus et les actifs luxembourgeois représentent 19% du marché global. La banque privée va devoir relever plusieurs challenges dans un avenir proche, en particulier liés à l’accroissement de la pression sur les revenus de la banque privée du fait de l’augmentation de la compétition et une demande plus importante de transparence.

 

Challenges

Suite à de nombreux changements dans la législation, de nombreux coûts comme les salaires ou encore les charges intra-groupe sont appelés à augmenter et la pression liée à la régulation devrait s’intensifier. De plus, la banque privée luxembourgeoise ne jouit pas d’une image idéale dans de nombreux pays européens. Il apparaît que, dans certains d’entre eux, l’image est mitigée, liée probablement au manque de connaissance à l’étranger de l’expertise des banques privées luxembourgeoises. Ce secteur va également devoir faire face à l’érosion de la confidentialité suite à différents accords internationaux et à une compétition accrue avec d’autres pays du fait du manque de personnalisation du savoir-faire. Le Luxembourg manque également de spécialistes CRM de haut niveau ce qui a pour effet la fuite d’actifs vers d’autres pays plus compétitifs. Aujourd’hui, 1/3 des clients de la banque privée au Luxembourg déposent moins d’1 M €. Un positionnement à revoir, impliquant de changer la typologie de la clientèle qui va devoir s’orienter vers des portefeuilles plus riches.

 

Plus de compétition

Dans la banque privée européenne, on observe une augmentation de la compétition due à la refonte de l’offre, au rapatriement des capitaux et la multiplication des synergies avec les autres business lines recherchées par des acteurs internationaux. Hong Kong, Singapour et la Suisse apparaissent, pour diverses raisons propres à chaque marché ( croissance, réputation, service), mieux positionnés. Mais il y a aussi l’émergence de nombreux family offices dont la proximité avec les clients, l’indépendance et le niveau de conseil sont souvent appréciés.

 

Opportunités à venir

Le nombre total de millionnaires devrait augmenter de 70% dans les marchés développés d’ici 2020 et être multiplié par 3 dans les marchés émergents. Un gisement de croissance dont le Luxembourg devrait tirer profit. Un certain nombre de produits et services ne se font en effet qu’au Luxembourg comme les fonds dédiés (SIF), les véhicules private equity, certains produits d’assurance très spécifiques ou encore les opportunités liées à la philanthropie. Certaines spécificités, dans le domaine des trusts, fondations ou de la finance islamique témoignent de l’innovation constante du Grand-Duché pour garder une longueur d’avance. Il y a par ailleurs un réseau de spécialistes hautement qualifiés aptes à proposer des outils de gestion de fortune aussi bien que des prestations liées à la propriété intellectuelle ou encore l’administration de fonds, et cela dans le cadre prudentiel qui favorise la protection des investisseurs.

 

Nouveau paysage de la banque privée luxembourgeoise

Le secteur du private banking au Luxembourg est en pleine consolidation suite à des fusions/acquisitions obligeant la suppression des activités redondantes. Il y a également des ventes de portefeuilles entre banques concurrentes et des repositionnements intragroupes aboutissant à un développement des activités ou à une sortie du marché. La priorité est aujourd’hui donnée au développement des revenus, à la réduction des coûts ainsi qu’au repositionnement. Cela passe par la banque de service à haute valeur ajoutée, l’outsourcing et la concentration des activités sur moins de marchés mais sur un segment de clientèle supérieur. En termes de segmentation, on complète les critères classiques, géographique et patrimoniaux par de nouveaux critères tels que le mode de vie ou l’âge.
Dans ce contexte, le besoin d’apporter de la performance financière a particulièrement été souligné comme une attente première des clients. C’est un domaine dans lequel le Luxembourg peut progresser tout comme celui de l’accueil des clients et dans l’apport d’un service irréprochable, un domaine ou la Suisse reste valeur d’exemple.
Pour finir, la question des compétences reste plus que jamais d’actualité. Le secteur du private banking au Luxembourg n’assurera sa pérennité que grâce à l’apport de très hautes compétences issues de formations (lifelong learning) ou de la remise à niveau de son attractivité pour des talents expatriés.

Trois discussions ont également cadré le sujet avec tout d’abord un panel modéré par Olivier Maréchal, Partner chez Deloitte sur l’évolution et le renforcement du Wealth Management.  Fabrice Sauvignon, CEO de La Mondiale Europartner ; Michel Buysschaert, Head of Private Banking de Dexia Private Banking et Alain Mestat, Directeur à la Banque Privée Edmond de Rothschild Europe ont participé à cette discussion.
Le panel suivant a abordé le sujet des nouvelles synergies qui se mettent en place entre les banquiers privés et les business partners avec François Génaux, Partner et Financial Services Consulting Leader de PwC comme modérateur. Charles-Antoine d'Ansembourg, Head of Wealth Management chez Dexia Private Banking ; Janneke Nijsen, Managing Director chez Van Lanschot ; Serge Krancenblum, CEO de SGG ; David Fregonese, Director of European professional clients chez Carmignac Gestion ; Steen Foldberg, Managing Director chez Merrill Lynch et David J. Steinegger, Chief Executive chez Lombard International Assurance ont participé à cette discussion.
La dernière discussion modérée par Etienne Hirsch, Executive Director d’Ernst & Young a regroupé Claude Marx, Deputy CEO d’HSBC Private Bank ; Christian Funke, Managing Director, Private Wealth Management et Member of the Executive Board de Deutsche Bank Luxembourg S.A. ; Yves STEIN, Président du Comité de Direction de Union Bancaire Privée (Luxembourg) S.A. ; Hugues Delcourt, Head of Wealth Management chez UBS (Luxembourg) S.A. autour du sujet du repositionnement des marchés vers les clients les plus riches.
D’autres masterclasses, destinés à un public plus ciblé et animé par des experts de différents domaines ont traité des sujets extrêmement ciblés. Les thèmes de la philanthropie dans les investissements, les tendances RH dans la gestion de fortune ou encore les nouvelles solutions IT mises à la disposition  et les solutions pour améliorer les profits ont été abordés tout au long de la journée.
Panels constructifs, worskshops variés et networking lunch furent particulièrement suivis cette année, avec une fréquentation en hausse de plus de 40% par rapport à 2009. De bonne augure pour le cru 2012.

 

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