Développer les filières de valorisation des déchets
Des bouteilles en plastique transformées en stylos ou en pulls polaires, des restes de cuisine recyclés en engrais et des déchets ménagers qui éclairent et chauffent des villes, voici quelques exemples de filières de valorisation que peuvent emprunter chaque jour les déchets que nous produisons. Ces filières de valorisation, LAMESCH les connaît bien puisqu’une partie de son métier consiste à les développer. Entretien avec Alain Jacob, Administrateur Directeur Général de LAMESCH.
Pourriez-vous dans un premier temps retracer les dernières évolutions de votre secteur?
Le secteur des déchets a beaucoup évolué depuis ces vingt dernières années et ce changement est d’abord à attribuer à des comportements plutôt qu’à de réelles innovations technologiques. L’émergence d’une conscience environnementale, chez le grand public et chez l’ensemble des industriels, a encouragé les gens à envisager d’une nouvelle manière la gestion de leurs déchets, notamment en procédant à un tri à la source plus poussé. Pour nous, cela a consisté à proposer, par exemple, des méthodes de collecte plus sélective et à développer de nouvelles filières de valorisation.
Notre secteur évolue aussi avec l’apparition de nouvelles matières à traiter sur le marché. Lorsque les appareils électriques et électroniques (télévision, téléphone portable, ordinateur…) sont apparus en masse dans les années 90, il a fallu mettre en place des collectes spécifiques et trouver les filières de valorisation les plus performantes, d’un point de vue économique mais aussi environnemental. La recherche de débouchés est un aspect de notre travail que peu de gens connaissent mais qui est indispensable à la réintroduction des déchets dans le cycle économique.
Comment se caractérise l’innovation dans un secteur comme le vôtre?
L’innovation se caractérise justement par cette recherche constante de nouvelles filières de valorisation matière ou énergétique des déchets. Lorsqu’un client nous confie un déchet à traiter, nous devons être capables de lui proposer la meilleure solution qui existe sur le marché en termes de valorisation et de récupération. Et comme nous sommes régulièrement confrontés à de nouvelles matières, il faut être très réactif voire proactif dans la recherche de débouchés.
Pourriez-vous nous donner un exemple de filières récemment développées?
En 2008, LAMESCH a développé une filière de valorisation énergétique pour les résidus de tri non recyclables, appelés Fluff. Ce mélange composite sert de combustible alternatif dans les industries et les cimenteries locales. Cette nouvelle filière de valorisation énergétique se substitue à l’utilisation de combustibles fossiles et participe à la réduction des émissions de gaz à effet de serre, à l’origine produites par l’extraction et la combustion de ces matières premières (comme le charbon par exemple). Grâce à cette innovation, LAMESCH est fier d’être capable de valoriser 100% des déchets recyclables qui entrent sur son site de traitement.
Autre exemple: avec les déchets de cuisine pour lesquels, nous avons lancé dernièrement une collecte sélective pour les restaurants, les cantines scolaires et les artisans du Grand-Duché. Ces derniers, qui étaient auparavant incinérés ou éliminés, sont aujourd’hui valorisés en usines de bio-méthanisation.
Comment naissent de tels projets?
Les deux filières citées précédemment ont toutes les deux été développées en partenariat avec les acteurs économiques locaux. Lorsque nous explorons une nouvelle possibilité de valorisation, nous faisons en sorte d’impliquer les différentes parties prenantes concernées.
Concernant la collecte des déchets de cuisine, il était important pour nous de saisir l’opportunité de développer cette nouvelle activité. C’était aussi une façon de répondre à une demande de la part de certains clients dont les tonnages en déchets de cuisine méritaient d’être mieux valorisés.
Quelles sont les attentes de vos clients en matière d’innovation?
En dehors de l’innovation technique, je pense qu’à l’heure actuelle nos clients attendent surtout un service de conseil et d’accompagnement dans la gestion de leurs déchets. Pour les déchets de chantier, par exemple, nous travaillons en étroite collaboration avec les chefs de chantier et les conducteurs de travaux et leur proposons d’installer un centre de tri à l’intérieur même du chantier afin de procéder à un tri dès la collecte. Nous mettons également du personnel à disposition pour encadrer le centre de tri et aider les différentes personnes du chantier à mieux trier.
Quels sont vos projets à venir?
Un projet de longue haleine va voir le jour à la rentrée 2011: l’exploitation par notre filiale SOVACOM de l’usine de bio-méthanisation de Minett-Kompost, située à Mondercange. Cette nouvelle installation traitera les déchets organiques et produira du biogaz et du compost.
Nous travaillons également sur un outil destiné à nos clients, qui permettra d’évaluer les économies d’émissions de CO2 qu’ils pourront réaliser grâce à un meilleur tri de leurs déchets. Une manière de les sensibiliser au rôle qu’une bonne gestion des déchets peut avoir dans la lutte contre le réchauffement climatique.