De la suite dans les idées

Le dynamisme d’une entreprise et d’un secteur est lié à leur capacité d’innover et les entreprises artisanales ont bien compris la vitalité de cet enjeu. Ainsi, elles n’hésitent pas à être créatives, malgré des obstacles souvent dus à leur petite taille. La Chambre des Métiers est là pour les aider à concrétiser leurs idées.
Interview de Paul Ensch, directeur de la Chambre des Métiers.

 

Comment définit-on l’innovation dans l’artisanat?

Notre vision est pragmatique. Nous ne visons pas la recherche fondamentale, mais l’application pratique de procédés innovants. Innover, c’est remettre en question ses services, ses produits, ses méthodes, sa façon d’aborder les clients et améliorer ce qui peut l’être.

 

L'innovation n’est-elle pas l'apanage des grandes entreprises?

La notion d’innovation ne concerne pas seulement l’industrie, mais aussi les petites et moyennes entreprises artisanales. Soulignons que l’artisanat est un secteur dynamique qui représente 20 % des entreprises et de l’emploi au Luxembourg, et qui, malgré la récession, a créé 182 nouvelles entreprises et 1.275 emplois en 2010.

 

La Chambre des Métiers vient de publier ses chiffres-clés pour 2010. Il en ressort que l’artisanat compte, sur un total de 5.499 sociétés, 4.052 micro-entreprises de moins de 9 salariés et 1.188 petites entreprises de 10 à 49 salariés, avec une taille moyenne de 13 personnes. A quels obstacles ces petites structures sont-elles confrontées lorsqu’elles souhaitent entrer dans une démarche d’innovation?

Elles rencontrent essentiellement des problèmes de moyens. Alors que les grandes entreprises sont en mesure de se doter d’un département dédié à la recherche et à l’innovation, d’élaborer une stratégie et d’investir pour atteindre les objectifs qu’elles se sont fixés en matière d’innovation, dans une PME, la démarche est plus difficile. C’est le plus souvent le chef d’entreprise qui doit s’impliquer personnellement dans cette démarche, tout en continuant à assumer les tâches liées au fonctionnement quotidien de sa société.

 

Quel message adresseriez-vous aux entreprises qui ont l’ambition de sortir du lot en la matière?

Celui de ne pas rester dans les chemins battus, de ne pas céder à la tentation de la facilité qui consisterait à poursuivre son train-train quotidien, mais de se remettre en question en permanence. Celles qui veulent se démarquer doivent le faire par le biais de la spécialisation et de la qualité. Nous leur conseillerions de se focaliser sur un produit ou un service qu’elles maîtrisent et pour lequel elles conserveront, pour un certain temps au moins, l’exclusivité par rapport à leurs concurrents, au lieu de vouloir proposer la gamme complète des prestations existant dans leur domaine d’activité.

 

Comment la Chambre des Métiers peut-elle les aider à concrétiser leurs idées? Quels outils et/ou services met-elle à leur disposition?

Lorsque nous avons décidé de nous engager dans la voie de l’innovation, il y a une vingtaine d’années, nous avons recherché une alliance avec l’agence nationale pour la promotion de l’innovation et de la recherche, Luxinnovation. C’est aujourd’hui devenu un partenaire très important pour la Chambre des Métiers, qui est représentée au sein du conseil d’administration de Luxinnovation. Notre mission commune a été de développer une approche spécifique pour les PME. Cette approche est tout autre que pour les grandes entreprises: il faut chercher le contact, les inciter et les motiver dans leurs démarches innovantes, pallier à leur insuffisance de moyens pour l’établissement de leur dossier et leur apporter un support logistique. Deux personnes s’occupent des dossiers à la Chambre des Métiers mais, pour ce qui est du conseil, une cellule est à l’écoute des PME au sein de Luxinnovation. Nous organisons régulièrement des conférences de motivation comme, par exemple, la conférence intitulée ‘Gagnez en efficacité et en compétitivité’ qui a pour objectifs de présenter les enjeux de l’innovation et d’expliquer comment mettre en place une démarche d’innovation, de stimuler l’émergence de nouvelles idées et de former un réseau susceptible de faire émerger de nouvelles opportunités.

 

Y a-t-il des secteurs artisanaux plus dynamiques que d’autres en matière d’innovation?

Je suis d’avis que, dans tous les secteurs, il y a des entreprises qui poursuivent leur train-train quotidien et d’autres qui émergent. Les entreprises qui ont participé au dernier Prix de l’innovation dans l’artisanat en 2010 viennent de tous les horizons: un coiffeur qui crée ses propres ligne de coupe et technique, une souffleuse de verre qui développe une gamme de luminaires à la fois créatifs et fonctionnels, un atelier mécanique qui invente une nouvelle machine à bobiner, le concepteur d’un système exclusif de récupération d’énergie pour les ascenseurs, un traiteur qui propose un concept alliant l’authenticité du patrimoine culinaire et une façon de déguster plus tendance, etc. L’innovation, telle que nous la comprenons, concerne vraiment tous les secteurs.  MT

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