Pratico-pratique et proche du terrain

Depuis plusieurs années, l’IFSB  investit du temps et des moyens pour sensibiliser le secteur de la construction à la thématique de la RSE. Il a notamment élaboré un outil d’évaluation basé sur la norme internationale ISO 26000 qui reflète les besoins des entreprises du secteur.

Interview d’Elisabeth de Sousa, chargée de projet RSE.

 

Pourquoi intégrer la RSE dans sa stratégie d’entreprise?

Pour de nombreuses bonnes raisons: valoriser son capital immatériel, anticiper les risques, mieux fabriquer et mieux vendre, protéger l’environnement et évidemment, accroître son attractivité. Décider de gérer une entreprise de façon durable doit amener un raisonnement au niveau de la gouvernance mais aussi au niveau du marketing. Une entreprise qui a une démarche RSE est perçue comme une entreprise qui a des valeurs et apporte un sentiment de confiance et de sécurité.

Comment débute-t-on une démarche RSE?

On commence par établir une cartographie des parties prenantes. Il faut d’abord les recenser, puis les trier par catégorie: parties prenantes internes (le personnel, les actionnaires, les membres du conseil d’administration) ou externes (les fournisseurs, les clients, les concurrents mais aussi les associations, les ONG et les institutionnels). Il s’agit ensuite de définir si ces parties prenantes sont impactées par nous ou si elles sont impactantes pour nous, quel est leur niveau d’importance et quel est notre niveau de relation avec elles.  En croisant tous ces éléments, on obtient une liste des parties prenantes prioritaires.

Pourquoi est-ce la porte d’entrée de la RSE que de cartographier les parties prenantes selon vous?

Dans notre démarche RSE, nous proposons à l’entreprise d’évaluer ce qu’elle fait déjà en la matière à travers un questionnaire très élaboré qui porte sur les 7 questions centrales et les 42 sous-domaines définis par la norme ISO 26000, puis de comparer sa vision avec celle des parties prenantes, avec lesquelles les mêmes questions seront abordées de façon plus sommaire. En croisant cette vision externe et cette vision interne, on peut définir une démarche cohérente. Le choix des parties prenantes est donc très important.

Toutes les entreprises, petites ou grandes, peuvent-elles mettre en place une démarche RSE?

Une des 5 entreprises que nous avons évaluées (CBL, CDC, Karp Kneip, Soludec et Marco Reiser) est une PME de 18 personnes. Je salue particulièrement son patron qui, par conviction, a investi du temps dans l’évaluation de sa démarche pour pouvoir l’améliorer. Cela démontre que la démarche est à la portée de toutes les entreprises quelle que soit leur taille. Il faut savoir qu’une petite entreprise est très réactive vu qu’elle dispose en général d’un pouvoir de décision unique, et qu’elle peut donc avancer très vite dans sa démarche.

Comment cela se passe-t-il pour les entreprises qui disposent déjà d’un système de management?

Certaines entreprises parmi celles nous avons évaluées ont la triple certification ISO 14001 (environnement), ISO 9001 (qualité) et ISO 18001 (social sécurité). Nous travaillons d’abord sur la compréhension de l’existant  pour pouvoir ensuite y intégrer les indicateurs RSE qui font défaut. La norme ISO 26000 a l’avantage d’être globale et d’aborder des points qui ne sont pas forcément évoqués dans les normes de management. Je pense donc que c’est un plus et qu’il faut s’engager dans cette voie.

Pourquoi valoriser ce travail?

Pour accroître votre attractivité, mais pas uniquement envers des clients. La capacité que vous aurez demain à trouver un investissement ou à recruter de nouveaux profils dépendra de votre capacité à montrer patte blanche par rapport à votre gouvernance.
Si, aujourd’hui, la RSE est encore une démarche volontaire, elle découlera sans doute bientôt d’une contrainte réglementaire. En attendant, utilisons-la pour être des entreprises compétitives, efficaces et ambitieuses et pour avoir un avantage concurrentiel sur certaines niches de marché.

Avez-vous d’autres projets en matière de RSE à l’IFSB?

Nous avons déposé le projet CSR Build au fonds social européen pour les 3 prochaines années. L’objectif est de créer un cercle dédié aux dirigeants d’entreprises qui leur permette de comprendre et de mettre en oeuvre les thématiques de façon ciblée.
En 2011 et 2012, le travail de sensibilisation se poursuivra à travers des conférences de  grande envergure avec des intervenants européens.
Nous allons également remettre les premiers certificats de responsable développement durable cette année. Cette formation de 8 jours donne toutes les clés pour comprendre la norme ISO 26000 et démarrer une démarche en interne.

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