Ancrage local

Détenu par une famille luxembourgeoise, CLdN -pour compagnie luxembourgeoise de navigation, plus connue sous le nom de Cobelfret- est un groupe qui emploie 1.500 personnes aux quatre coins du monde et enregistre chaque année environ 1 milliard d'euro de chiffre d’affaires. Entretien avec Freddy Bracke et Michel Jadot, administrateurs.

Si le ‘core business’ du groupe familial qu’est CLdN reste essentiellement centré sur le transport maritime, il s’est diversifié ces dernières années. Diversification qui répond à un besoin de stabilité financière et qui a été menée dans une optique très claire et transparente qui consiste, selon Freddy Bracke, à “ne pas faire de la spéculation, mais à assurer des rendements raisonnables de manière constante”. “Le secteur maritime est, en effet, très volatil car dépendant de la conjoncture mondiale en termes de transport de matières premières pour l'industrie lourde, et de la conjoncture européenne en termes de produits finis ou semi-finis (conteneurs, voitures neuves…)”, ajoute-t-il.

Aujourd’hui, suite à cette politique de diversification, les activités de CLdN sont au nombre de six, la moitié étant toujours purement maritime, à commencer par le transport de vrac sec. En la matière, le Groupe opère une quarantaine de bateaux, dont neuf lui appartiennent et les autres sont loués et/ou exploités par ses soins, suivant différentes formules contractuelles. Deux équipes travaillent, l’une à assurer les transactions avec la clientèle, l’autre à piloter ces navires à distance, chacun étant en contact permanent avec les navires dont il est responsable et les suivant au jour le jour. Dans ce secteur d’activité particulier, les vraquiers de CLdN Cobelfret ne suivent pas des lignes régulières, mais parcourent le monde en fonction des demandes et des besoins de l'industrie avec, comme points de départ principaux les pays exportateurs de matières premières (en l'occurrence, le  minérai de fer, le charbon, le bauxite (le Brésil, l'Australie…) et, comme destinations, les pays industrialisés grands consommateurs de ces matières premières (Etats-unis, Canada, Europe, Japon) ou les pays émergents (principalement la Chine).

La deuxième activité de CLdN est le roll on-roll off, ou ro-ro dans le jargon maritime: l'exploitation de navires rouliers sur la Mer du Nord. Il s’agit de lignes de ferries industriels qui font la liaison maritime (aller et retour) entre des ports du continent, Zeebrugge et Rotterdam d'une part, et Dublin en Irlande, quatre ports en Angleterre (dont deux ports détenus en propriété: Purfleet sur la Tamise, et North Killingholme sur le Humber) et deux ports en Scandinavie (Gothenburg en Suède, et Esjberg au Danemark), d'autre part. En tout et pour tout, il s'agit en moyenne de 18 départs chaque jour de la semaine, tous ports confondus. Ces bateaux transportent des unités qui sont des conteneurs, des semi-remorques, des gros équipements (matériel roulant) et des voitures neuves. Tout le savoir-faire de CLdN consiste à organiser le chargement et le déchargement de ces ferries dans les meilleures conditions et le plus rapidement possible, ainsi que d’assurer la plus grande régularité dans les horaires. Dans cette branche d’activité, CLdN dispose d'une flotte d’une trentaine de bateaux rouliers en pleine propriété et le Groupe attend la livraison de quatre nouveaux navires de ce type, dont la construction a commencé au Japon, en 2012.

CLdN a également une division portuaire qui gère et exploite des ports ou des quais (terminaux ro-ro) dans tous les ports où les navires rouliers du Groupe entrent. Ces services -qu’il s’agisse d’amarrage, de chargement, de déchargement de bateaux ou autres- sont prestés pour ses propres navires ou, le cas échéant, pour des tiers. Cette division est soit propriétaire soit concessionnaire du ro-ro terminal, en fonction du régime du pays concerné.

Dans un tout autre registre, le Groupe développe un projet qui en est encore au stade de la recherche et de la préparation, mais est prometteur: la fabrication d’énergie propre et ce, de deux manières: par le biais d’éoliennes dans les ports, d'une part, et par le biais de la construction d'une centrale électrique à charbon avec CCS  ("Carbon Capture and Storage"), d'autre part. Cette dernière technique consiste à gazéifier le charbon avant combustion et à utiliser le gaz synthétique ainsi produit dans une centrale électrique à gaz par après. Le CO2 capturé pourra alors être réutilisé industriellement ou stocké, par exemple en l'injectant dans les gisements pétrolifères qui sont en train de se vider (afin d'augmenter la pression et d'en récupérer ainsi les dernières réserves). Ce type de projet bénéficie actuellement du soutien actif de la Commission européenne.   

CLdN est également présente dans le secteur de l’immobilier de bureaux de qualité à Anvers, Bruxelles, Londres et Luxembourg, et elle recherche actuellement des biens sur Paris. “Notre philosophie est de considérer cette activité comme une activité durable. Nous souhaitons réinvestir sur le long terme les flux financiers importants générés par le Groupe, ce que nous faisons en partie sur des navires, mais aussi à travers d’autres investissements complètement différents et séparés”, souligne Michel Jadot.

C’est le cas, par exemple, d’un investissement dans la Banque Degroof en Belgique, ce qui représente le premier investissement réalisé dans le cadre des activités ‘Banking & Finance’ du Groupe CLdN. La Banque Degroof est présente non seulement en Belgique, mais aussi au Luxembourg, en Suisse, en Espagne et en France. Là encore, il s'agit “de loger un certaine liquidité qui va donner, pensons-nous, un rendement satisfaisant”, dixit Michel Jadot.

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