Des vocations et des hommes
Sous ses allures de banquier résolu se cache derrière Frank Wagener un homme pondéré, philosophe et philanthrope avide de nouvelles expériences, et qui compte désormais placer au premier plan sa vie privée… sous le signe de l’authenticité.
Du havre de paix à la découverte des Amériques
Frank Wagener est un Diekirchois dans l’âme. Né en 1952 dans la petite ville pittoresque située au bord de la Sûre à quelques encablures de la Petite Suisse, il y décroche son diplôme de fin d’études secondaires au lycée classique avant de suivre les cours universitaires dans la capitale : «J’y ai vécu vingt-cinq ans et j’y retourne régulièrement m’y ressourcer, retrouver mes amis de toujours loin de mes dossiers, des tracas du quotidien» nous confie le président démissionnaire du comité de direction de Dexia BIL fraîchement nommé à la présidence du conseil d’administration de la banque et de la Bourse de Luxembourg, pour qui sa bourgade natale retrace une atmosphère émanant de la Renaissance.
Sa vie estudiantine à Liège en faculté de droit ne le dépaysant guère, Frank Wagener est heureux de franchir l’Atlantique «pour élargir son horizon», et entre à la prestigieuse ‘Harvard Business School’. Il découvre Boston, une ville internationale et «à ciel ouvert» qui «ressemble bien plus à une ville anglaise en quête d’excellence qu’à une métropole américaine» où il se sent très à l’aise.
«Banking is about people»
Après un premier stage dans une étude d’avocats, Frank Wagener entre au département Crédits de la Banque Internationale à Luxembourg en 1978 avant de devenir conseiller juridique au département juridique et fiscal trois ans plus tard, poste qu’il occupera pendant dix ans. «Ce qui m’aura le plus plu dans ma carrière à la banque aura été d’avoir pu combiner vie économique et financière à mes études de droit. Cela rend le droit plus vivant, et je préfère réellement le relationnel aux dossiers», nous relate-t-il, citant Edmond Israel «Banking is about people», formule qui résume bien son parcours.
Frank Wagener devient membre du comité de direction de Dexia BIL en 1993 avant d’être propulsé administrateur-délégué et président du comité de direction en 2006, poste qu’il vient de quitter de son propre chef pour «changer de rythme de vie», finissant par se sentir quelque peu «noyé» par la gestion journalière et les responsabilités et avouant vouloir désormais découvrir le monde sous un autre spectre que celui des aéroports et des chambres d’hôtels. «Outre la côté Est des Etats-Unis que je choie, j’ai un penchant pour l’Australie que je n’ai pas eu l’occasion d’explorer comme je l’aurais souhaité», affirme-t-il.
Une vraie fausse retraite
Même s’il ne compte nullement abandonner ses nombreux engagements ni sa participation active à la vie économique et financière luxembourgeoise, le nouveau président du conseil d’administration de Dexia BIL compte en effet vouloir appuyer sur la pédale de frein et gérer librement son emploi du temps.
Car outre ses fonctions au sein de Dexia BIL et ses nombreux mandats d’administrateur dans le monde financier et économique luxembourgeois, Frank Wagener a toujours nourri le désir d’étendre ses activités au-delà de cet univers «qui tourne essentiellement autour de l’argent» : «La vie est un puzzle, et il faut faire en sorte d’en détenir le plus de pièces possible. Lorsqu’on est uniquement concentré sur son secteur, on n’a jamais une vue d’ensemble. Les expériences dans le monde hospitalier, dont j’ignorais tout, m’ont beaucoup enrichi et je n’aurais pas pu me passer de ces hommes et de ces femmes dévoués», ajoute-t-il, faisant allusion à ses engagements à la fondation François-Elisabeth, à la clinique privée Bohler ou encore à la Sécurité routière.
Ses hobbys ? La course à pied, avant tout. Son premier marathon, il l’a couru à l’âge de cinquante ans et semble y avoir vraiment pris goût puisqu’il en compte désormais cinq à son actif et se prépare au sixième… mais Frank Wagener de préciser non sans humour qu’il s’agit là de «marathons version touristique» qui allient sport et découverte de la ville.
Frank Wagener est également «accro» à la musique noire américaine, nous dit-il, particulièrement au blues, «une musique authentique qui exprime des sentiments allant de l’amour à la dure réalité du quotidien qui s’inscrit aux antipodes de la musique commerciale».
PhR