Nouvelle ère pour l’industrie des fonds
Clearstream a présenté en janvier dernier un service novateur qui permet une exécution en bourse et en temps réel des souscriptions ou des rachats sur 82.000 fonds d’investissement. Rencontre avec Philippe Seyll, membre du comité exécutif et directeur des services de fonds d'investissement à Clearstream.
Un milliard d’euros est placé en moyenne chaque jour dans les fonds luxembourgeois par des investisseurs originaires du monde entier. Le marché luxembourgeois, qui se chiffre à 2.250 milliards d’euros, représente à lui seul plus d’un quart du marché européen. Aujourd’hui encore, à l’heure d’Internet, une grande partie du processus d’achat et de vente de parties de fonds se fait de manière archaïque, par fax.
C’est là que Clearstream intervient: son service Vestima+, lancé en 2006, permet de gérer une transaction de manière entièrement automatisée. Une fois les informations encodées par la banque dépositaire, leur acheminement jusqu’à l’agent de transfert se fait automatiquement, tout comme leur réception, leur gestion et leur renvoi. Mieux encore, le système permet d’échanger simultanément le cash et les parts de fonds émises.
Plus de cinq millions de transactions sont ainsi enregistrées chaque année par Clearstream qui se positionne, avec près d’un tiers des flux réalisés au Grand-Duché, comme l’acteur le plus important au monde sur le marché transfrontalier tiers. Clearstream possède 230 milliards de fonds d’investissement, sur les quelque 900 milliards de fonds vendus par des distributeurs opérant l’architecture ouverte sur le marché luxembourgeois, ainsi que 700 clients dans 46 pays. La plateforme Vestima+, regroupe 82.000 fonds domiciliés dans vingt-sept pays.
Seule réserve inhérente à ce processus, la précédence du calcul de la valeur nette d’inventaire sur le calcul de la valeur nette par part. Le nombre de parts détenues évoluant chaque jour, tout comme la valorisation du portefeuille, il existe un décalage entre le moment où l’ordre est passé et celui où le client prend connaissance du nombre de parts qu’il reçoit pour un investissement donné.
D’où l’idée innovatrice d’offrir, à travers la plateforme Vestima+, un accès en bourse. Ce système présente quatre avantages. Le premier est que la part de fonds étant exécutée comme une opération boursière, sa valeur d’exécution est immédiatement connue. Le second est la réduction des coûts, car d’après la maison mère Deutsche Börse, l’automatisation des processus permet de se passer d’intermédiaires qui ont un nouveau rôle à trouver dans ce contexte. La troisième est la réduction du risque opérationnel –on évite du travail et des erreurs manuelles. Enfin, quatrième et dernier point, avec ce système, la part de fonds fait office de collatéral, une exclusivité: Clearstream est le premier acteur à offrir un levier de fonds pour sécuriser les transactions du marché monétaire.
Les investisseurs ont donc désormais le choix entre deux routes d’exécution, comme le souligne Philippe Seyll: “Nous mettons à disposition les deux systèmes sans promouvoir un service au détriment de l’autre.”
Pour réaliser ce projet, Clearstream a associé deux solutions existantes dans le groupe Deutsche Börse: la capacité de Xetra, le système de négociation de Deutsche Börse, à faire du trading en temps réel de fonds communs de placement, et celle de la plateforme Vestima+ à acheminer automatiquement des ordres.
Clearstream travaille sur ce projet avec la Bourse de Francfort qui propose, depuis plusieurs années déjà, un service similaire à ses clients, mais pour 3.500 fonds seulement. Ce partenariat est, pour l’instant, exclusif mais il n’est pas amené à le rester: “Nous appelons de nos voeux les bourses qui souhaitent travailler avec nous sur le sujet, notamment la Bourse de Luxembourg avec laquelle nous serons ravis de collaborer”, précise Philippe Seyll.