“Le premier de nos devoirs est de préserver le capital de nos clients”

Gestionnaire de fortune et d’actifs de son métier historique, la société Fuchs & Associés Finance mise sur la diversification des portefeuilles et sur le Family Office, avec un seul mot d’ordre: ne pas faire de gestion massive. Interview de Timothé Fuchs, attaché de direction, et David Rousseau, gestionnaire.
 

Dans quelle mesure la crise a-t-elle changé la donne pour les gestionnaires de fortune au Luxembourg? A-t-elle fait naître des opportunités?

Timothé Fuchs: Certainement. Aujourd’hui, les clients refusent d’être traités de manière massive et exigent une gestion individualisée. Cela donne une chance à notre modèle qui se base sur la proximité entre nos gestionnaires et chacun de leurs clients.

David Rousseau: Nous avons connu deux crises majeures dans la décennie qui vient de s’achever: la première liée au développement d’Internet au début et la seconde liée aux subprimes à la fin de cette décennie. Ces deux crises en dix ans ont empêché la majorité des investisseurs d’actions de réaliser des gains et ont remis en cause ce qui était devenu un acquis académique.
Nous débutons donc une nouvelle décennie avec des clients qui ont, en partie, renoncé aux risques, mais pas aux gains.

 

Qu’est-ce que cela implique pour vous?

David Rousseau: Cela nous interpelle et nous pousse à être imaginatifs pour trouver une façon de réaliser des rendements sans se reposer uniquement sur les actions. Nous proposons des portefeuilles basés sur d’autres classes d’actifs: l’obligataire Corporate et High Yield, par exemple, ou encore les reverse convertibles qui combinent régularité des performances et rendements attractifs. Nous avons également une ‘pépinière’ où nous faisons tourner des jeunes fonds, pour passer ensuite à une distribution un peu plus large.
À la suite des évènements récents et dramatiques qui ont eu lieu au Japon, nous avons pris la décision de ne pas rester les bras croisés, mais d’agir. Le premier de nos devoirs, il nous semble, est de préserver le capital de nos clients. Nous avons donc pris des mesures de couverture dans ce sens.

Timothé Fuchs: Notre société a été créée en 2000 par Jean Fuchs, mon père, et sa vocation a toujours été la gestion de fortune et d’actifs. Le fait que nos clients cherchent de plus en plus à concilier profits et sécurité nous a amené à créer un département dédié à la gestion de fonds d’investissement et à développer des produits qui n’étaient pas disponibles ou peu connus sur le marché financier; des produits qui, aujourd’hui, connaissent un grand succès.
Nous misons sur la diversification: nous avons des fonds qui travaillent sur les reverse convertibles, certains sur les marchés émergents, d’autres sur les métaux précieux… Pour ceux qui sont restés sur une gestion plus traditionnelle, nous nous appuyons sur une stratégie différente.
Nous offrons également des services de Family Office, qui englobent la totalité du patrimoine d’une famille. Le développement de ce type de services s’est accéléré depuis 2008 parce que nos clients sont de plus en plus à la recherche d’une relation de confiance, et de professionnels compétents, leur offrant toute une palette de services toujours plus divers et variés.

 

Quels sont vos atouts dans ce contexte?

David Rousseau: A partir du moment où une famille possède un certain patrimoine, elle est demandeuse de solutions en dehors de son pays de résidence. À la différence de ses voisins européens qui ont des connaissances académiques en matière de fiscalité internationale, un cabinet comme le nôtre emploie des gestionnaires de différentes nationalités qui sortent d’écoles internationales et qui ont l’expérience d’une clientèle internationale. Il a donc une certaine pratique.

Timothé Fuchs: Nous sommes bien implantés aussi bien au Luxembourg qu’en France, en Belgique ou en Suisse, ce qui nous permet de diriger les familles et de les conseiller dans tous les domaines par le biais de notre réseau d’avocats et de fiscalistes. De plus, nous pouvons rester proches de celles-ci, quels que soient les services requis ou le lieu de résidence.

 

A quoi l’attractivité de la place financière luxembourgeoise tient-elle? Est-ce que c’est justement à cette ouverture à l’international?

Timothé Fuchs: La place financière luxembourgeoise est l’une des plus attractives pour les fonds d’investissement. C’est une place internationale qui accueille des capitaux du monde entier et qui jouit d’une très bonne réputation. Du fait de sa petite taille, elle a su, ces vingt dernières années, s’adapter rapidement à tous les changements réglementaires et légaux et elle s’est bien relevée de la crise. Si l’on considère la manière dont elle est gérée, la diversité des acteurs et leur expérience, on ne peut qu’imaginer qu’elle va continuer à bien se porter.

David Rousseau: L’attractivité de la Place tient aux pouvoirs publics qui lui apportent une visibilité et défendent ses atouts aussi bien dans le cénacle européen que dans les forums internationaux, mais aussi au dynamisme des acteurs, à leur ingéniosité, à leur créativité et à leur capacité à innover.
Je souhaiterais ajouter que si l’on veut mettre en avant l’attractivité de la Place, on ne peut pas faire abstraction de l’attractivité de la ville. De nombreux efforts ont déjà été réalisés ces dix dernières années, mais il reste encore beaucoup à faire.

 

Comment participez-vous, en tant que gestionnaire de fortune, dans le maintien en bonne santé du secteur?

David Rousseau: En identifiant des opportunités, en trouvant des réponses, en mettant en avant notre savoir-faire, ainsi que des employés qui ont une proximité directe avec différents pays et qui disposent donc d’une information plus fine, avec du vécu, plus rapidement. Du fait que  nous avons un marché essentiellement extérieur, la question est de savoir comment on peut réussir à servir nos clients mieux que dans leur propre pays.

 

La différence est donc dans le service…

Timothé Fuchs: Dans le service et dans le résultat. Nous collaborons avec tous les acteurs de la Place, notamment l’ALFI, Luxembourg for Finance et le Ministère des Finances à travers l’ALPP (Association Luxembourgeoise des Professionnels du Patrimoine) et la LAFO (Luxemburg Association for Family Offices), pour trouver des solutions et pour adapter la Place à chacune des nouvelles situations qui se présentent.

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