L’électricité, un nouveau tremplin pour la mobilité ?
Le long feuilleton hyper-médiatisé de la marée noire dans le Golfe du Mexique restera à l’instar de celles occasionnées par les pétroliers Amoco Cadiz et Erika au large des côtes bretonnes, dans les esprits pendant de longues décennies, et est très certainement en train de faire évoluer – lentement mais sûrement – les mentalités même dans un pays ô combien dépendant des énergies fossiles. Ce drame accélèrera-t-il la transition énergétique ? Quelles pistes privilégier ?
Cet nième désastre écologique, résultat de négligences impardonnables et d’erreurs en cascade sur la plateforme pétrolière Deepwater, aura même poussé le président américain à prendre finalement la décision de geler les forages en eaux profondes pendant sept ans au moins, et ce, huit mois après les faits. Et rien que l’opération de communication et de dramatisation de la part du président américain, qualifiant cette catastrophe écologique de «11 septembre écologique», ne laisse rien présager de bon pour les compagnies pétrolières.
Et le pétrole flambe à nouveau… au niveau des prix, cette fois : à moins de 70 dollars le baril au mois de mai 2010, il approche désormais les 90 dollars, ce qui provoque la grogne des consommateurs que nous sommes d’autant que les indices économiques ne sont toujours pas au beau fixe. Et ce n’est peut-être là qu’un début : l’Opep, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, a relevé sa prévision de demande de brut pour 2015 à 91 millions de barils par jour, dans son dernier rapport annuel. Et comme il est peu probable que les producteurs puissent produire autant de pétrole, les prix risquent de grimper de façon vertigineuse. Si la demande en or noir est si importante, c’est – sans surprise – en raison du développement du secteur des transports dans les pays en voie de développement.
La distribution pétrolière doit également faire face à un durcissement des réglementations environnementales, et déjà nombre d’experts annoncent la mort inéluctable de la «station-service classique» en Europe. Total annonçait d’ailleurs au mois de mars 2010 que la société comptait fermer 500 de ses 4.800 stations-service en France. Et lorsque l’on regarde les chiffres de près, déjà trois quarts des ‘pompes’ ont mis la clef sous le paillasson depuis les années 70 dans l’Hexagone.
Autre malédiction pour les compagnies pétrolières qui voyaient en la Chine leur nouvel eldorado, les mesures environnementales de plus en plus draconiennes prises par les autorités chinoises. Pas plus tard qu’il y a une quinzaine de jours, Pékin, une des villes les plus polluées au monde avec Mexico-City, a organisé son premier tirage au sort de plaques d’immatriculation de voitures neuves, et ce ne sont que quelque 18.000 heureux gagnants sur plus de 200.000 participants qui auront le droit… de s’acheter une voiture.
Tous autant que nous sommes n’aimons pas beaucoup nous voir confrontés à pareil dictat ; les alternatives promettent de fuser, et la révolution se prépare activement, à en croire certains analystes comme Jean-Pierre Corniou, l’ancien directeur des systèmes d’information chez Renault, convaincu que la voiture électrique est enfin à l’épreuve du marché. Difficile d’en douter lorsque l’on observe la mise en place de stations de recharge qui se prépare activement.
L’exemple de la très médiatisée «Bluecar», voiture électrique développée par le célèbre industriel et homme d’affaires français Vincent Bolloré, qui avait fait sensation au mondial de l’automobile à Paris en 2008, est un autre signe qui ne trompe pas. Cette citadine de quatre places, que l’on peut pré-réserver depuis fin 2009, possède une batterie dernière génération cent pour cent recyclable dont l’autonomie atteint les 250 km, soit loin des 100 km habituellement proposés par la concurrence, qui se recharge en quelques heures seulement. C’est d’ailleurs le véhicule retenu par le syndicat mixte de communes Autolib’ dans l’agglomération parisienne qui proposera un nouveau service à la mobilité en octobre (des véhicules électriques en libre-service, disponibles 24 heures sur 24 et en trajet libre). Ce ne sont ainsi pas moins de 5.000 Bluecars en libre-service qui pourraient se fondre dans le paysage francilien d’ici 2016.
Les grands constructeurs ont compris l’enjeu depuis un certain temps déjà, et ont d’ores et déjà investi des milliards de dollars en recherche et développement. Renault s’auto-proclame pionnier du lancement de modèles électriques à grande échelle et annonce le lancement dès cette année de la berline baptisée «Fluence», depuis peu sur le marché, et de l’utilitaire Kangoo Express Z.E.
Certaines marques, comme Tazzari et Tesla, ne produisent d’ailleurs que des voitures électriques. Si Tazzari s’est contentée jusqu’à présent de mettre sur le marché une mini-citadine deux places, Tesla voit grand en proposant des modèles de luxe et même un roadster ultra sportif accomplissant le 0 à 100 km/h en moins de 4 secondes.
Même le sport automobile se rachète une conduite en se mettant à l’électrique : le projet ‘Formulec’, l’équivalent des Formules 3, dévoilé dernièrement à Cancùn, verra – dès l’an prochain des pilotes de course s’affronter sur une dizaine de circuits par an aux quatre coins du monde, préfigurant ainsi le sport automobile de demain.
En attendant, ce sont toujours les voitures hybrides qui sont de mise, et le consommateur a de quoi trouver son bonheur même si beaucoup de constructeurs accusent du retard. La plus connue d’entre elles, véritable pionnière «avant l’heure» (commercialisée en 1997 !), la Toyota Prius, qui a été vendue à plus d’un million d’exemplaires, a attiré la convoitise de nombre de constructeurs. En Europe, sept marques (allemandes ou japonaises) commercialisent des modèles hybrides, principalement des limousines ou 4×4 de grosse cylindrée puisque très gourmandes en carburant. On citera pêle-mêle les BMW X6 et série 7 ActiveHybrid, les Lexus RX et GS 450h, la Mercedes classe S 400 hybrid ou encore le Volkswagen Touareg Hybride. PhR