INDR – la RSE dans la mobilité urbaine et interurbaine

L’Institut National pour le Développement durable et la Responsabilité sociale des entreprises (INDR) propose un instrument d’auto-évaluation qui, à travers 451 questions, permet à toute entreprise de dresser un état des lieux de sa situation en matière de responsabilité sociétale et de développer des initiatives créatives dans les trois piliers économiques, environnementaux et sociaux. La démarche est volontaire, mais fortement recommandée car, selon le responsable de l’initiative, Eric Hiéronimus, la RSE présente certainement un atout non négligeable pour l’entreprise.

Comme leur nom l’indique, les démarches RSE s’adressent d’abord aux entreprises, mais s’adressent-t-elles seulement aux entreprises? Ne peut-on pas considérer une commune ou une institution comme une entreprise?

Mon sentiment est qu’une structure qui a une influence sur l’économie, sur l’environnement et sur son personnel, qu’elle soit publique ou privée, se doit d’avoir la même philosophie et la même démarche qu’une entreprise en matière de RSE.

Qu’est-ce qui différencie un acteur public d’un acteur privé du point de vue de sa responsabilité sociétale?

Je pense que c’est un faux débat que de vouloir faire une différence entre entreprises publiques et entreprises privées en termes d’engagement sociétal. Même si les objectifs d’une structure privée et d’une structure publique sont différents, il n’en reste pas moins que le mode de fonctionnement de ces structures est similaire. L’une et l’autre ont des droits et des obligations envers leurs collaborateurs, l’économie et la planète. Une institution, comme une entreprise, ne travaille pas en vase clos.

Ces institutions peuvent-elles bénéficier du label ESR proposé par l’INDR?

Bien sûr. Notre vocation première, en tant que vecteur de l’Union des entreprises luxembourgeoises, est de certifier les entreprises en matière de RSE, mais si une institution publique frappe à notre porte, elle est considérée comme une entreprise de droit privé. Elle peut intégrer le processus de labellisation. Nous avons d’ailleurs déjà reçu des demandes de la part de communes, d’ONG et d’institutions. Notre but étant que l’engagement formel de la RSE augmente au Luxembourg, toute initiative en la matière est saluée et recommandée par l’INDR.

En quoi est-ce important, pour une institution aussi, de valoriser ses initiatives de responsabilité sociétale?

Comme une entreprise, une institution n’est pas une île. Un bourgmestre ne peut pas gérer sa commune sans tenir compte de toutes les parties prenantes. Avoir une démarche RSE pour une commune, c’est aussi se profiler par rapport à ses habitants et aux communes voisines pour attirer de nouveaux habitants ou de nouvelles entreprises sur son territoire.

Le 21 septembre, Sales-Lentz a organisé un symposium sur la RSE dans la mobilité urbaine et interurbaine, auquel vous avez participé. Les communes sont nombreuses à mettre en œuvre des initiatives intéressantes en la matière. On peut citer la mise en place de navettes gratuites ou à prix réduit, la création de pistes cyclables ou encore la mise à disposition de vélos. Comment se déroule une démarche RSE en termes de mobilité? Quelles sont les actions possibles?

Le thème de la rationalisation des transports s’inscrit dans le cadre du référentiel ‘environnement’, qui est un des trois piliers de la démarche. Pour la mobilité, comme pour les autres domaines, la première étape est d’identifier les moyens de transport dont dispose la structure et la manière dont ils sont utilisés, les distances parcourues et la fréquence d’utilisation. La deuxième étape est d’analyser les répercussions de ces déplacements sur l’environnement. L’impact se mesure par l’élément quantitatif que constitue l’empreinte carbone. Enfin, il s’agit d’améliorer son influence sur l’environnement à travers toute une série d’actions.
Nous considérons qu’il existe trois pôles de déplacement. Le premier est le trajet entre le domicile et l’entreprise. Les efforts peuvent, par exemple, porter sur le partage du transport (prise en charge d’abonnements, adaptation des horaires de travail aux horaires des transports en commun, navettes ou covoiturage mis en place par l’entreprise, etc.) ou sur la diminution du nombre des déplacements des collaborateurs par le biais, entre autres, du recours aux moyens de télécommunication.
Le deuxième niveau concerne les déplacements des collaborateurs pour des raisons professionnelles. Ces déplacements englobent aussi bien les mouvements des commerciaux qui démarchent des clients que les voyages d’affaires des managers. Là encore, il  est question de partager le transport entre plusieurs personnes qui doivent se rendre au même  endroit au même moment et de remplacer  des réunions   par des téléconférences, mais aussi d’utiliser des moyens de transport plus écologiques (acheter des véhicules de service plus écologiques, offrir des formations en éco-conduite à ses employés).
Le troisième et dernier pôle est celui des livraisons. Des mesures peuvent être mises en place pour optimiser l’acheminement des marchandises  (éventuellement les sous-traiter à un transporteur professionnel externe qui remplira ses camions de manière optimale), proposer des formations en éco-conduite, investir dans des camions moins polluants et diminuer le nombre de déplacements en réduisant, par exemple, les fréquences de livraisons.

Le rôle de l’INDR est-il, en plus de labelliser, de proposer des pistes de réflexion pour l’introduction de nouvelles bonnes pratiques?

Absolument. Notre référentiel sera revu tous les six mois et toute une série de bonnes pratiques y seront intégrées.
MT

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