Un vecteur de communication sur nos modes de consommation

Le Conseil Supérieur pour un Développement Durable a, entre autres, pour vocation d’inciter les entreprises, les institutions et les citoyens à participer à la réalisation des objectifs de développement durable définis dans le plan national du même nom. Le fait de publier une étude chiffrant l’empreinte écologique luxembourgeoise est un excellent vecteur pour y parvenir. Entretien avec Joëlle Welfring, vice-présidente.

La constitution du CSDD et ses activités sont définies par la loi du 25 juin 2004 qui vise la coordination d’une politique nationale pour le développement durable. Il se distingue des autres conseils d’abord par sa transversalité, puisque “par définition, le concept de développement durable ne se limite pas au ressort d’un seul ministère”, souligne Joëlle Welfring ; ensuite par le fait qu’il soit composé d’une quinzaine de membres neutres, nommés par le Gouvernement ou par le Grand-Duc, qui s’impliquent en tant que citoyens et non en tant que représentants d’un organisme ou d’un parti politique. Ils ne bénéficient donc pas du concours d’une structure professionnelle. C’est, sans doute, en partie pour cette raison qu’il reste encore méconnu du grand public.
Ses actions s’en sont, jusqu’à présent, tenues à la rédaction d’avis à la demande de certains membres du Gouvernement qui portent sur des sujets comme l’utilisation accrue de la biomasse, à être un forum de discussion autour du développement durable, à proposer des sujets de recherche ou à établir des liens avec des comités comparables dans d’autres pays. C’est le cas avec son homologue allemand ou en étant membre de la fédération des Conseils supérieurs européens. Ce qui fait du CSDD un organisme plutôt actif compte tenu des moyens dont il dispose. Le rapport annuel qui est en passe d’être publié le prouve.
Cependant, parmi ses attributions, il en est une qu’il n’a pas eu l’occasion d’approfondir autant qu’il le souhaiterait: susciter la participation la plus large possible d’organismes publics et privés, ainsi que celle des citoyens à la réalisation des objectifs du développement durable.
Proactif, le CSDD s’est, par exemple, prononcé avant la crise sur la nécessité d’une gestion durable des finances publiques luxembourgeoises. Il a également établi une liste de recommandations à l’attention des différents partis politiques en amont des dernières élections législatives. S’il y a une actualité nationale ou internationale, le CSDD saisit l’opportunité de faire entendre sa voix.
Ce qu’il a fait notamment en lançant une étude visant à déterminer l’empreinte écologique du Luxembourg, dont les résultats ont été publiés le 15 juin dernier. Ce qui a séduit le CSDD, c’est que d’une part, cette analyse répond à la plupart de ses attributions et que, d’autre part, l’empreinte écologique est un concept qui permet de communiquer de manière extrêmement efficace sur les tendances non durables de notre mode de consommation. “Pour nous, cette étude constitue une base de communication sur le comportement de consommation des citoyens luxembourgeois et des frontaliers sans que cela doive nécessairement faire appel à une mauvaise conscience. L’empreinte écologique est un élément parlant, quantifiable: il est facile de comprendre que si tout le monde vivait comme nous le faisons au Luxembourg, nous aurions besoin de six planètes”, indique Joëlle Welfring.
L’idée d’établir une représentation corrigée de l’empreinte luxembourgeoise est née en 2007, lors d’une rencontre informelle avec un des hommes qui est à l’origine du Global Footprint Network, Maurice Wackernagel, présent au Grand-Duché à l’occasion de l’exposition ‘All we need’. Jusqu’alors les chiffres luxembourgeois étaient publiés en même temps que ceux de la Belgique pour des raisons statistiques et parce que la méthode de calcul, qui repose en grande partie sur les statistiques d’échanges et de commerce, s’applique difficilement aux petits pays qui ont une économie très ouverte comme le Luxembourg. Le travail a d’abord consisté à vérifier la cohérence de milliers de points d’information. Tâche pour laquelle le CSDD s’est fait aider, au sein d’un groupe de travail, par le CRTE qui a apporté ses compétences en termes d’analyse du cycle de vie, mais également par l’université du Luxembourg, par le CEPS-INSTEAD pour les volets statistique et économique et par des experts de différents ministères.
MT

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