Un outil incontournable

Une société en perpétuelle mutation est synonyme de développement fulgurant du savoir et du savoir-faire, et ce, dans tous les domaines. La formation professionnelle se doit ainsi d’évoluer au même rythme que les évolutions dans le monde du travail. Elle doit pouvoir proposer aux jeunes et moins jeunes peu diplômés des outils performants afin qu’ils puissent adapter leurs connaissances et leurs compétences aux nouveaux besoins de l’entreprise dans laquelle ils travaillent. C’est la mission qui incombe aux deux centres nationaux de la formation professionnelle continue, dont celui d’Ettelbruck spécialisé dans l’artisanat.

Les CNFPC ont pour vocation de garantir aux jeunes ainsi qu’aux adultes l’acquisition de nouvelles compétences ou d’actualisation des savoirs et savoir-faire pour qu’ils puissent rester à jour dans leur métier ou retrouver un emploi s’ils ont perdu le leur. Plus que jamais, ce sont là les prémisses de la création et du maintien de l’emploi sur le long terme. «Depuis la mise en place de ses structures, par le biais de projets globaux de formation, beaucoup de personnes ont pu se développer personnellement et progresser», nous explique Jean Billa, chargé de direction du CNFPC d’Ettelbruck.
Il y a deux centres de formation professionnelle continue dans le pays, celui d’Esch-sur-Alzette et celui d’Ettelbrück, qui ont vu le jour en 1984 et qui ont la même structure juridique et législative puisqu’elles dépendent du ministère de l’Education nationale et de la Formation professionnelle. Le bâtiment à Ettelbrück a déjà vingt-cinq ans, et de nouveaux locaux devrait voir le jour dans les dix ans à venir. A signaler que le CNFPC abrite une vingtaine de classes de l’enseignement secondaire technique faisant partie du système formel, donc avec les mêmes programmes et les mêmes grilles horaire.
Beaucoup de formations sont complémentaires mais chacun a sa spécialité. Si le CNFPC d’Esch-sur-Alzette se concentre davantage sur les formations industrielles, celui d’Ettelbrück se focalise essentiellement sur les formations artisanales. Pour n’en citer que quelques unes : agriculture, horticulture et environnement ; alimentation ; bâtiment ; peinture et débosselage ; habillement ou encore coiffure. Deux formations très demandées actuellement sont celles de la soudure et du chauffage sanitaire.
«Même si nous avons un large volet enseignement technique, nous organisons également depuis un certain nombre d’années des classes d’apprentissage pour adultes sans qualification, qui ont d’ailleurs connu un succès grandissant au fil du temps. Nous aurons huit classes supplémentaires à la rentrée. Ces cours ont du succès dans la mesure où les apprentis adultes obtiennent le salaire social minimum. L’Etat paie la différence entre les indemnités ordinaires et le salaire social. C’est donc très intéressant à la fois pour l’apprenti et pour l’entreprise. Il y a d’ailleurs eu un véritable essor dans la formation professionnelle continue pour adultes, à tel point que 400 personnes se retrouvent sur la liste d’attente chaque année. Au total, il y a 2.000 inscrits. Et d’après les statistiques publiées en 2009, 20.000 inscriptions ont été recensées sur quinze ans», se félicite Jean Billa.
L’essor de la formation professionnelle continue chez les adultes repose avant tout sur les nouvelles bases légales qui ont vu le jour dans de nombreux domaines. Depuis le vote de la loi sur l’assurance dépendance, en 1999, par exemple, plus personne n’est habilité à travailler comme aide-soignant sans qualifications. Dès lors, le CNFPC a organisé la formation d’aide socio-familiale (qui s’étale sur deux ans à raison d’une journée par semaine) qui a rencontré beaucoup de succès. Une nouvelle loi concernant cette fois l’assistance parentale a été adoptée l’année passée, et stipule qu’aucune personne sans formation n’est habilitée à encadrer des enfants ; cette formation – d’une centaine d’heures – est également proposée au CNFPC, et a été suivie par 120 personnes durant l’année scolaire 2009/2010. ?Autre élément, l’apparition d’une législation plus sévère en matière d’accidents de travail, qui a créé d’énormes besoins en formation. Le CNFPC propose ainsi aujourd’hui entre autres une formation pour l’élagage des arbres. «Il s’agit là d’une des formations spécifiques du CNFPC d’Ettelbruck dans la mesure où nous nous spécialisons dans tout ce qui a trait à l’environnement naturel et humain. Par environnement humain, j’entends tout ce qui concerne le personnel en charge du traitement des eaux usées ou des parcs à conteneurs», poursuit Jean Billa.
Du côté de l’apprentissage chez les jeunes, 200 élèves entre quinze et dix-huit ans fréquentent le CNFPC durant la journée, et sont soit sans emploi ou soit en décrochage scolaire. La formation est orientée vers la pratique avec beaucoup de stages en entreprise pour l’obtention d’un emploi.
Le prix des formations est établi par le législateur. S’il s’agit d’un cours technique, il est de quatre euros par leçon par candidat tandis que pour un cours artisanal, le prix est fixé à 1,5 euro. «Je ne suis pas satisfait de la grille tarifaire, car les cours coûtent nettement plus cher que les tarifs demandés. La formation de soudure, par exemple, est considérée comme un cours artisanal, or elle est extrêmement chère bien que l’Etat prenne en charge la quasi-totalité des coûts. Je tiens, pour finir, à préciser que nos organisons sur demande du ministre du Travail des formations spécifiques pour les entreprises qui, elles, sont intégralement prises en charge par l’Etat», souligne Jean Billa.