Le catalyseur de la formation professionnelle
Instrument créé par le législateur pour promouvoir la formation professionnelle continue dans les entreprises, l’INFPC joue un rôle d’intermédiaire entre les entreprises, les particuliers et les formateurs. Mais ses tâches vont bien au-delà de la simple promotion de la formation, comme nous avons pu le constater lors de notre entretien avec son chargé de direction, Dominique Matera.
Dans un monde qui ne cesse d’évoluer à la vitesse grand V, la formation professionnelle continue n’est-elle pas incontournable pour chacun d’entre nous ?
Absolument. Chaque individu doit comprendre l’importance de mettre à jour ses compétences pour garantir une performance durable dans son travail professionnel, et ce, tout au long de sa vie active. Une entreprise performante est une entreprise qui est capable de garantir l’évolution et l’actualisation des compétences de ses collaborateurs. C’est une responsabilité partagée.
Effectivement, le monde s’accélère. Les nouvelles technologies de l’information et de la communication sont bel et bien présentes et progressent rapidement ; c’est une nouvelle donne. Parallèlement, dans un monde globalisé, la concurrence est accrue, ce qui oblige les entreprises à devenir plus performantes pour assurer leur survie ; la formation est donc indispensable.
Dans le passé, un employé était cantonné au rôle de simple exécutant. Aujourd’hui, que ce soit dans le secteur tertiaire ou secondaire, les process de travail exigent que les tâches d’un collaborateur soient contextualisées.
Par ailleurs, en cette époque socio-économique difficile, les individus, de leur propre initiative, sont plus enclins à se former par peur de perdre leur emploi ou pour en retrouver un.
Elle a donc elle-même fortement évolué ?
Elle a donc elle-même fortement évolué ?
Par le passé, la formation était synonyme de «dépense» : les entreprises montaient un plan de formation sans trop réfléchir à la finalité de celle-ci. Petit à petit s’est construite l’idée de l’ingénierie de la formation dès lors considérée comme un «investissement». Il a fallu mettre en place des méthodes pour garantir l’efficacité de la formation par rapport à des profils de personnes bien définis en se posant la question de savoir quelles compétences elles possèdent, quels sont les besoins et quel est l’objectif recherché. L’approche est donc devenue plus méthodologique et plus scientifique. ?Des concepts se sont donc mis en place progressivement dans les entreprises en fonction à la fois des facteurs internes de ces dernières et des facteurs externes que j’évoquais comme la mondialisation, l’essor des nouvelles technologies de l’information et de la communication, des changements démographiques, …
Quels sont les besoins spécifiques en formation professionnelle continue au Luxembourg ?
Quels sont les besoins spécifiques en formation professionnelle continue au Luxembourg ?
Le secteur tertiaire étant particulièrement développé au Grand-Duché, ce sont donc les formations liées à ces activités qui sont les plus recherchées. Le contexte multiculturel au Luxembourg explique quant à lui l’engouement pour les formations en langues. Les formations relatives au développement personnel sont également très demandées tout comme celles dans le domaine de l’informatique. Cela dit, pour l’informatique mais aussi pour les langues, le phénomène n’est pas spécifique au Luxembourg : ce besoin en formation ne fait que suivre l’évolution du monde dans lequel nous vivons.
Les formations requises ici dans le futur dépendront forcément de l’évolution du contexte socio-économique luxembourgeois. De nouveaux créneaux verront-ils le jour au niveau de l’économie nationale ? Nous orienterons-nous davantage vers les secteurs de la logistique et des biotechnologies ? Je suis incapable de répondre aujourd’hui à ces questions.
Plus généralement, depuis l’introduction de la Stratégie de Lisbonne en 2000 dont l’idée était de faire de l’Union européenne «l’économie de la connaissance la plus compétitive et la plus dynamique du monde d’ici à 2010 », un programme «Education et Formation 2010» a vu le jour. L’accent a été mis sur l’éducation et la formation tout au long de la vie. Il s’agit ainsi, sous l’impulsion des autorités européennes, d’aborder la formation sous le générique de la formation tout au long de la vie, en anglais «life long learning», qui intègre la formation initiale, la formation continue, les expériences des uns et des autres. L’approche est globale et plus cohérente. Celle-ci rentre dans les mœurs mais on ne peut pas dire qu’elle est acquise. Cependant, les frontières de chaque dispositif deviennent de plus en plus mobiles.
Ce qui est certain, par contre, c’est que les acteurs de la formation professionnelle continue se sont multipliés depuis une bonne quinzaine d’années, l’offre de formation enrichie, la formation professionnalisée, et ce, sous l’impulsion de la loi de 1999 qui permet aux entreprises de bénéficier d’une participation de l’Etat à hauteur de 14,5% pour la formation de ses collaborateurs.
L’INFPC revêt plusieurs missions sur lesquelles nous reviendrons, notamment celui de la promotion de la formation. N’est-il pas de ce fait pas en mesure de prendre la température sur l’évolution des activités économiques au Luxembourg ?
Ce n’est pas de notre ressort. Mais nous avons créé l’an passé un observatoire de la formation qui nous permettra effectivement de mieux observer les pratiques existantes, appréhender les tendances futures et peut-être imaginer ainsi des scénarios sur l’avenir.
Nous avons lancé cette année deux enquêtes. La première enquête sur les organismes de formation vise à recenser ces offreurs de formation et surtout établir un inventaire de l’offre de formations au Grand-Duché. L’autre enquête porte sur la perception de la formation professionnelle continue et de la formation tout au long de la vie. La formation professionnelle continue s’intègre dans une dimension qui est l’éducation et la formation tout au long de la vie. Nous posons un certain nombre de questions à des échantillons de personnes de tous horizons pour connaître leur vision de la formation, qu’elle soit professionnelle ou tout au long de la vie. Cette enquête va aboutir incessamment.
Nous avons également un travail statistique qui est mené sur la population des entreprises qui bénéficient de l’aide de l’Etat en matière de formation professionnelle continue. Nous instruisons les demandes de cofinancement émanant des entreprises ; en d’autres termes, nous en vérifions la conformité par rapport aux critères d’éligibilité de la loi. D’où l’importance de la collecte d’informations. Nous demandons dès lors aux entreprises de nous fournir un certain nombre d’informations qui nous permettent de réaliser une base de données très riche, et ainsi d’établir une analyse statistique de l’activité de formations des entreprises. Nous publions en aval un rapport statistique sur la formation des entreprises qui bénéficient de l’aide de l’Etat, Formastat. Nous pouvons ainsi apprécier les tendances des pratiques de formation des entreprises, essentiellement sous un angle quantitatif pour l’instant : combien d’heures de formation ? Dans quels domaines ? Quel est l’investissement moyen des entreprises par rapport à la masse salariale ? etc. Nous planchons actuellement sur la mise en place d’une approche qualitative grâce à des échanges avec des interlocuteurs en entreprise.
Pour finir, nous préparons actuellement une étude sur la transition école-vie active, c’est-à-dire sur la trajectoire des jeunes diplômés ou non sortant du régime professionnel ou technicien ayant achevé leur vie scolaire au moment où ils entrent dans la vie active. L’étude porte sur le type d’emplois occupés, les périodes de chômage, etc.
Pour résumer, depuis quinze à vingt ans, il y a eu un certain nombre d’initiatives, que ce soit d’ordre législatif, privé, institutionnel ou public qui ont fait évoluer le système, et il est bon de réaliser un «arrêt sur image» pour pouvoir le perfectionner.
Qu’en est-il du volet «promotion de la formation» ?
Nous avons précisément comme mission de promouvoir les textes de loi relatifs au cofinancement des formations par l’Etat auprès des entreprises que j’évoquais. Il est d’une part essentiel que les entreprises connaissent son existence, d’autre part important d’expliquer le mode opératoire.
Nous gérons et administrons le portail lifelonglearning.lu dans lequel on trouve l’offre de formation de 81 organismes de formation oeuvrant au Luxembourg et proposant un total de 3300 formations. Il a pour vocation de mettre en relation l’offre et la demande de formation, de donner de l?nformation sur les dispositifs existant, le plan de formation, bref, sur le contenu de la formation d’une manière générale. Il invite les différents acteurs – entreprises, particuliers, formateurs – à entrer en relation.