Du concret

En contact direct avec les artisans, la Chambre des Métiers renouvelle constamment son offre de formations pour proposer des réponses adaptées à l’évolution des besoins du secteur, aussi bien en termes de contenu qu’en termes d’organisation. Interview de Paul Krier, sous-directeur et membre du comité de direction de la Chambre des Métiers.

Une démarche dont la nécessité n’est plus à démontrer

Si, il y a dix ou vingt, il fallait encore promouvoir la formation auprès des entreprises, elles sont aujourd’hui convaincues du bien-fondé de cette démarche qui est désormais entrée dans les moeurs, surtout auprès des plus grandes.
Les PME sont conscientes de l’enjeu, mais il leur reste des obstacles à franchir auxquels les grandes sociétés ne sont pas confrontées, comme l’explique Paul Krier: “En moyenne, une entreprise artisanale compte treize personnes. Le patron joue souvent le rôle de manager et celui de responsable des ressources humaines, tout en travaillant sur le terrain. Les PME ont plus de difficultés à entrer dans la démarche de formation tout au long de la vie, notamment parce qu’elles ont du mal à libérer leur personnel”. Pour répondre à ce problème, la Chambre des Métiers propose des formations courtes en journée, mais aussi des cours en soirée, ainsi elle propose “un menu pour ce qui est des sujets, mais aussi un menu pour ce qui est des formules ou des horaires. Il n’est pratiquement pas possible de ne pas trouver de solution dans notre offre”, ajoute Paul Krier.
Le frein est sans doute également d’ordre financier, mais ce n’est pas la première cause d’une éventuelle non-participation, selon le sous-directeur: “d’abord, parce que nos cours sont à un prix abordable et ensuite, parce qu’il existe des aides financières de l’Etat qui couvrent jusqu’à 10% de l’investissement”.
Le retour sur investissement d’une telle démarche n’a pas été démontré par une quelconque étude, mais le fait est que le département formation de la Chambre des Métiers reçoit souvent des témoignages positifs émanant d’entrepreneurs qui déclarent avoir obtenu des résultats concrets.

Au-devant des besoins émergents

L’approche de la Chambre des Métiers en matière de formation professionnelle continue est double. Elle s’articule autour de deux axes: une offre généraliste, qui concerne la gestion d’entreprises et s’adresse à tous les secteurs d’activités confondus et une offre sectorielle, plus technique et plus ciblée.
La proactivité est de mise lorsqu’il s’agit de déterminer le contenu de cette offre: “Nous essayons de déceler au mieux les besoins concrets des entreprises et ce, par un contact quotidien et direct avec les différents métiers via leurs fédérations qui nous transmettent leurs demandes et avec les chargés de cours qui nous tiennent au courant des nouveautés”, souligne Paul Krier.
Les formations générales sont remises à jour chaque semestre et les formations sectorielles, annuellement, ce qui n’empêche pas la Chambre des Métiers de s’adapter ad hoc si un besoin particulier apparaît.
Les dernières-nées de la gamme de formations portent sur la transposition des directives européennes dans la législation nationale ou les contraintes réglementaires, par exemple, celles qui concernent le travailleur désigné ou qui sont liées aux gaz à effet de serre, à la performance énergétique des bâtiments ou aux énergies renouvelables. D’autres formations portent sur la rénovation des bâtiments historiques ou sur le tutorat d’apprentis. Ce cours, qui s’étend sur trois jours, se solde par un certificat remis par la ministre de l’Education nationale, et il est un gage de qualité de la formation de ces apprentis.

De nouveaux partenariats et une décentralisation des cours

Parallèlement, la Chambre des Métiers s’attache à entretenir les partenariats existants et à en développer de nouveaux. Pour ce qui est des formations générales, elle collabore, depuis plusieurs années déjà, avec la Chambre de Commerce et l’Office luxembourgeois pour l’accroissement de la productivité (OLAP) et publie une brochure commune avec ces deux organismes. C’est également le cas avec l’IFSB, avec les CNFPC d’Esch-sur-Alzette et d’Ettelbruck et avec les lycées qui mettent leurs ateliers à la disposition de la Chambre des Métiers. L’objectif est désormais de trouver de nouveaux partenaires, même au-delà des frontières, pour couvrir des domaines très spécifiques.
A l’ordre du jour également: la décentralisation des activités. La Chambre des Métiers dispensera bientôt des cours de management dans le nord du pays et la possibilité de le faire également dans l’est est à l’étude. Le but? “Se rapprocher de nos clients”.
Autre nouveauté: la refonte de la politique de certification. “Nous avons le projet de regrouper certaines formations et d’offrir une certification à géométrie variable pour être plus transparents dans nos certificats et pour valoriser davantage les stagiaires qui ont participé à certaines formations chez nous”, explique Paul Krier.
Les seules formations diplômantes proposées à ce jour par la Chambre des Métiers sont les brevets de maîtrise qui donnent le droit à leurs détenteurs de s’établir en tant qu’indépendants et de former des apprentis et qui concerne environ 150 personnes chaque année. Leurs contenus sont en cours de révision et il est question d’ouvrir ces cours à la formation professionnelle continue. Projet qui devrait être finalisé d’ici deux ans.

Un secteur dynamique et prometteur

Enfin, s’il est un message qui tient à cœur aux responsables de la Chambre des Métiers, c’est celui de promouvoir l’artisanat, notamment auprès des jeunes, comme étant un secteur riche et intéressant, qui regroupe 150 métiers différents dans des domaines d’activités aussi variés que la construction, la restauration, la mécanique ou la mode. Un secteur qui compte 7.300 entreprises et plus de 90.000 salariés et qui, même en période de vache maigre, a continué à créer 2.000 emplois par an. Avis aux personnes motivées et qui répondent aux critères de qualité pour entamer une carrière dans l’artisanat!

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