Micro-finance: en Europe aussi, de réels besoins

Dans l’édition de juillet/août de Lëtzebuerger Gemengen, nous nous étions penchés sur la notion de développement durable dans la finance, un terrain pas facile à circonscrire, en questionnant Eric Martin, Président du Comité de direction de BGL BNP Paribas. Cap sur un sujet plus précis “intrinsèquement” lié au développement durable, la micro-finance, dans cette deuxième partie de notre interview.

La micro-finance est un système alternatif dit durable. Son père spirituel et Prix Nobel Muhammad Yunus ainsi que d’autres affirment que celle-ci permet aux populations démunies dotées de capacités productives, longtemps exclues du système financier classique, de pouvoir accéder au marché du crédit et devenir des agents actifs dans l’économie. En outre, la micro-finance a parfaitement résisté à la crise. N’est-ce pas là l’outil par excellence au service de la création d’emploi, du dynamisme des économies locales et par là de la lutte contre les inégalités dans le monde… bref du “développement durable” à l’échelle planétaire?
C’est très certainement un des outils importants en matière de développement durable. BNP Paribas s’est d’ailleurs engagé très tôt sur ce créneau avec la création en 2006 du département micro-finance dédié principalement au refinancement des institutions de micro-finance dans le monde. Nous avons aujourd’hui près de 50 millions d’autorisations permettant le financement de plus de 300.000 micro-emprunteurs qui font ainsi vivre 1,5 million de personnes. Le microcrédit est donc bien un outil de développement car il donne les moyens à ceux qui sont exclus de s’intégrer économiquement.
En plus, l’expérience des dernières années a montré que ces crédits sont en général très bien remboursés.
En tant que banque, nous sommes aussi pionniers dans le domaine de l’utilisation du concept des microcrédits dans nos régions.
En effet et contrairement aux idées reçues, la micro-finance n’est pas uniquement destinée au tiers-monde. Le groupe a développé cette activité en France en partenariat avec l’association ADIE, l’Association pour le droit à l’initiative économique, avec pour objectif de permettre à des chômeurs de créer des micro-entreprises dans les banlieues. Ces projets ont pris un véritable essor depuis les émeutes à Paris de 2005, et la crise économique en justifiera certainement le maintien voire l’extension.
Au Luxembourg, BGL BNP Paribas a été particulièrement actif dans la micro-finance à travers la création du “Luxembourg Micro-finance Development Fund”. Pour la première fois dans l’histoire de la banque, nous distribuons un fonds dédié 100% à la micro-finance à travers notre réseau d’agences. Aujourd’hui, beaucoup de nos clients s’intéressent vivement aux domaines de la micro-finance, du développement durable et de la philanthropie, et il nous tient à cœur de pouvoir les conseiller de manière optimale.

Comment s’organise cette activité pour ces produits peu connus du grand public?

Au départ, il s’agissait de “simples” microcrédits. Aujourd’hui, d’autres produits se greffent autour comme la micro-assurance, la micro-épargne, les remittances, le leasing, etc. Le secteur est donc en pleine expansion et se développe très rapidement. Sur initiative d’un de nos retraités, BNP Paribas a également lancé une association baptisée “micro-finance sans frontière” qui fournit de l’assistance technique à des institutions de micro-finance dans le monde à travers son réseau de bénévoles.
Au sein du groupe, nous avons un bon nombre de collaborateurs bénévoles qui proposent leur expertise dans l’analyse d’un projet d’entreprise, sa comptabilité, sa mise en place… et ce, à distance ou sur place pour des missions de courte durée. Il y a donc toute une réflexion autour de ce sujet avec une déclinaison aussi bien en termes de produits que de territoire ou encore de personnes.

Une activité dès lors appelée à se développer encore bien davantage dans le futur?

Oui, je crois effectivement que la micro-finance gagnera du terrain. Pour reprendre l’exemple des pays en voie de développement, compte tenu des tendances démographiques, de la diffusion progressive dans la population, il y a manifestement encore de gros besoins. On estime actuellement que
80 millions de personnes dans le monde bénéficient d’un microcrédit, alors que la population vivant avec moins de 1,25 dollar par jour est estimée à 1,4 milliard. Conscient de notre responsabilité sociale, nous agissons pour que le monde change vers un monde meilleur et je peux vous dire que nous n’en resterons pas là !

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