FGFC

Sur le front contre tout démantèlement social



Avec une représentativité qui s’est confirmée lors des dernières élections sociales, la FGFC est plus que jamais un interlocuteur fiable aussi bien pour les salariés que pour les décideurs politiques dans le secteur communal.
Interview de Marco Thomé, secrétaire général.

Les résultats des élections de la Chambre des fonctionnaires et employés publics ont été publiés le mois dernier. Pourriez-vous commenter le score de la FGFC?

La représentativité sectorielle de la FGFC a non seulement été confirmée, elle a même augmenté. Au total, 70 % des fonctionnaires et employés communaux se sont prononcés pour notre syndicat, ce qui est le deuxième meilleur résultat depuis la création de la Chambre professionnelle dans les années soixante. Par rapport aux élections de 2005, nous avons gagné 2,8 %, ce qui souligne que l’ensemble du secteur nous soutient et ce qui fait de la FGFC le seul syndicat qui soit en position de négocier avec les patrons du secteur communal. Ainsi, nous gardons quatre sièges sur cinq au sein de la Chambre des fonctionnaires et employés publics et sept sièges sur huit au sein de la Commission centrale auprès du ministère de l’Intérieur.
Nous sommes très satisfaits de ce résultat et, en même temps, nous sommes conscients qu’une responsabilité particulière nous incombera dans les luttes à venir.

Vous avez axé votre campagne sur la collaboration avec la CGFP, ce qui semble avoir porté ses fruits…

Depuis l’année 2000, nous sommes liés à la CGFP (Confédération Générale de la Fonction Publique) par un contrat de collaboration. Une telle union des forces s’impose parce que la plupart des notions réglementaires qui concernent le personnel étatique est repris par assimilation dans le secteur communal. Il est donc important pour nous d’avoir à nos côtés un partenaire puissant dont la représentativité nationale du secteur public a aussi été largement confirmée par les élections sociales.
La philosophie est la suivante: la CGFP œuvre dans le secteur étatique et, nous, la FGFC, nous nous engageons pour les collègues dans les communes et établissements communaux assimilés, tous statuts confondus.

Quelle est la différence entre le syndicalisme au niveau étatique et le syndicalisme au niveau communal?

Il existe des carrières qui sont purement réservées au secteur communal et c’est surtout pour le développement de ces carrières que nous nous pensons compétents. Pour ce qui est des autres carrières, la FGFC, avec ses groupes, est en contact permanent avec les groupes respectifs de la CGFP.
Dans le secteur communal, nous sommes plus proches de la politique. Si, du côté étatique, le mouvement syndical a affaire à un seul patron (le Gouvernement), nous avons à traiter, côté communal, avec 113 bourgmestres ou collèges échevinaux. L’organisation du travail et la motivation diffèrent de commune en commune, en fonction de leur ampleur, du nombre d’habitants et des compétences ‘leadership’ des collèges échevinaux. Ici, nous déplorons, par exemple, que certains politiciens n’aient pas assez d’affinités pour l’organisation administrative et limitent leur vue soit à leur carrière politique personnelle soit à leur seule commune, sans prendre en compte les besoins effectifs du personnel communal ou l’intérêt national.

Quels sont les principaux dossiers qui vous occupent en ce moment?

Nous faisons partie du front syndical concernant la lutte contre tout démantèlement social au Luxembourg. Nous pensons que la stratégie du Gouvernement qui était, au départ, de stabiliser le budget, mène à une politique d’austérité non seulement pour les salariés du secteur communal, mais pour tous les salariés. Nous craignons que notre secteur soit même lésé trois fois: d’abord par les résolutions à prendre dans le cadre de la tripartite nationale, ensuite par la réforme des traitements projetée et finalement par l’annonce du Gouvernement de ne plus vouloir accorder de hausse du point indiciaire dans les quatre années à venir.
Nous avons l’impression que ce que nous avons acquis ces 50 dernières années est remis en question. Ce n’est pas tolérable. En plus, nous ne voyons pas comment le système de rémunération en fonction des performances qui, dans la logique de l’assimilation, devrait faire son apparition dans le secteur communal, pourrait être réalisé dans les communes. Ici, nous serions contraints au risque massif que nos fonctionnaires et employés communaux soient à la merci de l’arbitraire politique ce qui, à nouveau, est intolérable.
En ce qui concerne l’élargissement des compétences des agents municipaux, nous déplorons que le SYVICOL ne se prononce pas clairement sur la nécessité absolue de faire évoluer ce dossier. Sans soutien politique adéquat, nous risquons d’échouer. Je rappelle quand même que nous luttons actuellement pour les compétences des instances politiques qui, par le biais des agents municipaux, sont à charge du maintien du bon ordre dans leurs communes.
Nous nous battons aussi pour que le métier de maître-instructeur de natation soit reconnu et intégré dans l’école fondamentale. Particulièrement sur ce dossier, nous attendons du SYVICOL qu’il prenne une position claire et définie pour que la tenue des cours de natation puisse rester entre les mains des instructeurs de natation, qui sont d’ailleurs spécialement formés dans ce domaine moyennant un cycle d’apprentissage assez poussé.
Dans le cadre de la réorganisation des services de secours, nous veillons à ce que la formation des futurs professionnels soit reliée à celle des pompiers professionnels de la Ville de Luxembourg, pour garantir une qualité égale de ces services dans toutes les régions, sans quoi nous craignons un nivellement par le bas.
Enfin, nous avons lancé une campagne pour des structures sociales saines, car nous sommes d’avis qu’il reste beaucoup à faire au niveau de l’organisation de la maison-relais et des synergies entre les parents, le personnel, les enfants, l’école et la commune.

Quelle est l’évolution générale du secteur communal?

Il ne se peut que toute initiative ou proposition portant sur le développement du secteur reste bloquée jusqu’aux décisions finales en relation avec la réforme territoriale et les fusions de communes. Je suis d’avis que le ministère de l’Intérieur, les r
esponsables politiques des communes et le personnel ne sont pas dans la position d’attendre encore des décennies avant la mise en œuvre de réformes structurelles. Ainsi, les services publics au sein des communes risquent de perdre en compétitivité par rapport aux services à prester dans l’intérêt du citoyen.
Je suis d’accord qu’avant toute réforme le ministre de l’Intérieur doit faire avancer le dossier dans son ensemble, mais des réformes précises s’imposent néanmoins dans un délai assez rapproché. L’évolution des besoins spécifiques des clients dans les communes ne peut pas attendre que le dernier édile communal ait compris que nous avons à affronter des grands défis pour faire avancer notre pays.

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